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22/9/10 Ivan Rioufol
Pour un référendum sur la retraite par répartition !

Et pourquoi pas, la prochaine fois, un référendum sur les retraites? Ségolène Royal a raison d'avancer cette solution, "parce que le président de la République avait promis qu'il ne toucherait pas à la retraite à 60 ans, faute d'en avoir reçu le mandat du peuple français", ce qui est exact. Encore faudrait-il s'accorder sur la question. Selon moi, elle devrait être: "Voulez-vous, oui ou non, conserver la retraite par répartition?", que la droite et la gauche veulent maintenir contre vents et marées.

Une campagne d'explications sur la faillite de ce système et sur les injustices qu'il fait peser sur la jeunesse vache-à-lait pourrait amener les gens à aller au bout de leurs réserves. Si les enquêtes d'opinion montrent en effet des Français critiques sur l'équilibre de la loi, en discussion au Sénat, elles confirment la nécessité d'une réforme et l'attente (à 63%, selon un sondage pour L'Humanité) pour des propositions alternatives. Ce mercredi, Le Figaro publie un sondage montrant que 36% seulement croient à un retour à l'âge légal à 60 ans.

Sur les retraites comme sur les autres grandes questions de société, les Français me semblent beaucoup plus en avance que leurs représentants. Le baromètre Ifop sur la jeunesse (16-30 ans) fait ressortir une nette perte de confiance de la nouvelle génération dans le système par répartition (Le Figaro des 11-12 septembre). 92% des sondés approuvent ainsi la déclaration suivante: "Les jeunes ont intérêt à épargner car les retraites qu'ils toucheront seront très faibles".

Le recours à la capitalisation, ce mot que le discours dominant n'ose toujours pas prononcer, est compris comme une solution alternative par une majorité de jeunes, libérés des tabous idéologiques de leurs aînés. Ce même baromètre fait d'ailleurs valoir que seuls 25% d'entre eux souhaiteraient être fonctionnaires, contre 33% chefs d'entreprise et 23% salariés d'une grande entreprise privée. La révolution des mentalités n'est visiblement pas en accord avec les conservatismes, encore défendus demain par les syndicats pour une énième journée de grève.

"La manifestation de jeudi sera ce référendum", explique Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT (lundi, RTL), qui récuse, et une grande partie de la gauche avec lui, la proposition royalienne. Encore faudrait-il que les syndicats, non contents de défendre un monde qui s'écroule, ne persistent pas à s'abriter derrière des chiffres de manifestants grossièrement bidouillés. Tout le monde sait que les additions syndicales sont, depuis toujours, multipliées par trois, au minimum. Or c'est ce bilan qui est à chaque fois repris par les commentateurs complaisants, pour laisser croire à une mobilisation de masse.

Si les défilés de demain doivent être compris comme un vote, alors comptons les rangs sérieusement, ce qui n'est techniquement pas compliqué. Pourquoi ne pas désigner, par exemple, des observateurs indépendants, comme il en existe pour des scrutins risquant d'être manipulés?

Ivan Rioufol


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