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Le Monde au banc d'infamie

10/3/03 Claude Reichman
Ce que révèle de façon accablante " La face cachée du Monde ", le livre de Pierre Péan et Philippe Cohen, c'est l'absence de scrupules de l'équipe Colombani- Plenel qui dirige le quotidien du soir. Et c'est ce qui fait l'extrême gravité de ces révélations pour le journal qui se voulait le professeur de vertu de la terre entière. Un organe de presse repose essentiellement sur la confiance de ses lecteurs. Celle-ci ne peut qu'être ébranlée par les faits rapportés dans l'ouvrage et qui n'ont pu être démentis de façon convaincante par les dirigeants du quotidien. Cinq directeurs se sont succédé à la tête du Monde de 1944 à 1994 : Hubert Beuve-Méry, Jacques Fauvet, André Laurens, André Fontaine et Jacques Lesourne. Il leur est souvent arrivé d'être critiqués pour leurs positions politiques, mais jamais il ne leur a été reproché de manquer de scrupules. C'est ce qui a donné à leur journal sa réputation, tant en France qu'à l'étranger. Les pratiques du tandem Colombani-Plenel se sont inscrites en totale rupture avec celles de leurs prédécesseurs. La rigueur et la retenue ont fait place à ce qu'il faut bien appeler la manipulation de l'information, pour ne pas parler de l'intimidation, de la menace et du chantage dont l'ouvrage de Péan et Cohen offre maints exemples. Le règne du Monde sur l'univers médiatique et politique français n'a dès lors plus reposé que sur la crainte et non sur le respect. Il était inévitable qu'un jour la vérité éclatât, et avec elle un immense scandale, tant il est vrai que les pratiques du journal, si elles étaient parfaitement connues des quelques milliers de personnes qui font ou commentent l'actualité, restaient ignorées du grand public et notamment de l'immense majorité de ses lecteurs. La terrible responsabilité de Colombani et Plenel, et de leur financier, Alain Minc, est d'avoir perverti la vie civique en France. Par leur faute, le débat démocratique a disparu. Le politiquement correct a étendu sa chape de plomb et les hommes politiques qui ne défendaient pas le système doctrinal, économique et social français ont été privés de toute tribune et éliminés. Les électeurs, ne trouvant pas de représentants susceptibles d'exprimer leur sentiment se sont alors portés par protestation vers des votes extrêmes ou, par dégoût, réfugiés dans l'abstention.

Quand tombent les dictatures

C'est bien pourquoi la chute inévitable, même si elle n'est pas immédiate, de l'équipe dirigeante du Monde va avoir des conséquences politiques majeures. Le débat, du moins dans un premier temps, ne pourra plus être confisqué par une élite autoproclamée et coupée du peuple. Faisons toutefois confiance aux innombrables gauchistes dont sont truffés les médias français pour tenter de monopoliser la parole au profit de nouveaux dictateurs issus de leurs rangs. Il convient donc, pour tous les authentiques démocrates de notre pays, d'utiliser au mieux la fenêtre de tir qui vient de s'ouvrir afin de redonner vie à l'expression véritable de l'opinion populaire. Mais rien ne sera possible si ceux qui constituent les véritables élites du pays, c'est-à-dire ceux qui le font vivre en créant de la richesse pour tous, ne sortent pas de leur torpeur et ne prennent pas enfin leur destin en mains. Ils sont aujourd'hui dans un état d'abattement qui tient d'une part à la confiscation systématique par l'Etat du fruit de leurs efforts et d'autre part aux insultes permanentes qu'ils ont à subir de la part de ceux qui ont seuls le droit de s'exprimer et qui, pour garder leur pouvoir, doivent désigner sans cesse à la vindicte de l'opinion les chefs d'entreprise et les vrais travailleurs, accusés de " ruiner les pauvres " et de vouloir faire vivre leurs compatriotes dans " l'horreur économique ". Le rayon de soleil qui vient soudain d'éclairer le sinistre paysage politique français peut annoncer des lendemains radieux tout comme il peut disparaître derrière les lourds nuages qui rôdent en permanence autour de notre pays. Cela dépend de chacun de nous. En dépit des nombreux malheurs qui se sont abattus sur la France au fil des siècles, celle-ci n'a jamais été durablement abandonnée par la providence. C'est ce qui lui vaut une réputation sans pareille dans l'univers, en dépit de ses renoncements et de ses faiblesses. Même mal gouvernée - et Dieu sait si elle l'a été depuis près de trois décennies -, la France a encore son mot à dire dans le destin de l'humanité. Mieux vaudrait, pour la clarté de son message et pour le bien de tous, qu'elle se donne rapidement de nouveaux dirigeants qui soient dignes de son passé multiséculaire. Ce grand changement peut se produire, maintenant que viennent d'être portés - treize ans après l'effondrement du mur de Berlin - les premiers coups de pioche au mur de la désinformation. Quand tombent les dictatures, le peuple est toujours surpris de découvrir que ceux qui le tyrannisaient n'étaient en fait que des hommes ordinaires, banals et sans la moindre trace de grandeur. Ceux qui ont vu, sur France 2, les trois dirigeants du Monde, alignés en rang d'oignons et comme assis au banc d'infamie, tenter de se justifier par des arguments si pauvres qu'on avait presque pitié d'eux - mais il faut s'en garder - n'ont pu qu'éprouver ce sentiment. Ainsi, ce n'était que cela Le Monde ! Oui, ce n'était que cela. Mais que de mal ils ont fait !

Claude Reichman

 

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