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28/9/08 Claude Reichman

La crise va fracasser l’Etat providence

Dans son discours de Toulon, M. Sarkozy s’est flatté de « dire la vérité aux Français ». Il s’est pourtant bien gardé de le faire. Alors nous allons nous en charger à sa place.

Certes, le président de la République a déclaré que « la France est trop engagée dans l’économie mondiale pour que l’on puisse penser un instant qu’elle pourrait être à l’abri des événements qui sont ni plus ni moins en train de bouleverser le monde », et que « la crise actuelle aura des conséquences dans les mois qui viennent sur la croissance, sur le chômage, sur le pouvoir d’achat ». Mais il n’a pas avoué que les erreurs commises par les gouvernements successifs depuis plus de trente ans et par le sien ont mis la France dans une situation beaucoup plus difficile que tous les autres pays comparables.

La France est accablée par des dépenses publiques insensées qui représentent plus de la moitié de ce qu’elle produit. De plus ces dépenses se font en partie à crédit, ce qui creuse des déficits annuels qui vont dépasser 50 milliards d’euros en 2009 et qui se sont accumulés dans une dette de plus de 1200 milliards d’euros. Les dépenses publiques de la France ont atteint la somme colossale de 1000 milliards d’euros, dont plus de la moitié est imputable au système social. L’Etat providence français est ainsi le principal responsable de l’effondrement économique de notre pays. M. Sarkozy n’a pas eu un mot pour le déplorer ni, à plus forte raison, pour en annoncer la réforme. Il est en effet, comme tous ses prédécesseurs, prisonnier du tabou de la sécurité sociale.

Ce blocage irréfléchi est devenu insoutenable depuis 1993, lorsque s’est ouvert le marché unique européen qui a mis la France en concurrence totale avec les pays membres de l’Union. Au lieu de réformer son système social comme les directives communautaires l’y obligeaient, notre pays s’est arc-bouté sur la protection du sien et n’est parvenu à le maintenir en l’état qu’au moyen du viol des lois européennes, devenues par leur transposition des lois françaises, et au prix d’une dette cumulée de plus de 100 milliards d’euros. De plus et surtout, nous avons perdu pied par rapport à nos partenaires et concurrents de l’Union, avec qui nous réalisons les deux tiers de nos échanges extérieurs.

C’est donc bien la concurrence européenne à laquelle notre économie ne peut plus faire face, et cela n’a rien à voir avec la mondialisation, même si celle-ci n’arrange évidemment rien pour un pays en perdition. C’est ainsi que s’est creusé un différentiel abyssal de neuf points de PIB avec l’Allemagne, notre principal client et fournisseur. Nous dépensons pour notre Etat, nos collectivités territoriales et notre protection sociale 160 milliards d’euros de plus que notre voisin d’Outre-Rhin. Le résultat se lit dans nos déficits, notre dette et notamment dans notre déficit commercial qui va dépasser les 40 milliards d’euros cette année tandis que l’Allemagne caracolera sur ses 200 milliards d’excédent.

Voilà la vérité que M. Sarkozy aurait dû dire aux Français. Dans la foulée, il aurait dû annoncer l’application des dispositions légales qui mettent la Sécurité sociale en concurrence, afin de réduire le poids insupportable des charges sociales sur les entreprises et sur les revenus des particuliers. Ce que M. Sarkozy n’a pas eu le courage et l’honnêteté de dire, la crise financière mondiale va le révéler. Notre Etat-providence va s’effondrer sous le choc. Et au lieu d’une réforme qui aurait veillé à préserver les moins favorisés, on assistera à un véritable tsunami qui ne laissera debout rien de ce qui faisait la stupide gloire de notre pays et qui aura en réalité causé sa perte. Du moins serons-nous débarrassés du monstre qui nous empêchait de vivre. Après tout, c’est la disparition des dinosaures qui a donné leur chance aux mammifères.

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.

 

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