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8/3/06

Face aux émeutes des banlieues, il
n'y a plus que la Révolution bleue


" Les émeutes de novembre ? Evidemment qu'elles se reproduiront. Depuis mi-janvier, j'observe dans ma ville exactement les mêmes signes de tension qu'au mois d'octobre. La poudrière est là plus que jamais... " Ces propos de Jean-Christophe Lagarde, maire UDF de Drancy (93), débutent l'article qui figurait en Une du Journal du Dimanche du 5 mars 2006. Ils traduisent " l'inquiétude qui règne chez les maires franciliens ". Tous attendent " l'étincelle " qui remettra le feu aux poudres. " Il n'y aucune raison pour que les quartiers n'explosent pas de nouveau à la moindre occasion ", confie le directeur général de l'Association des maires d'Ile-de-France (Amif).

Claude Pernès, maire UDF de Rosny-sous-Bois et président de l'Amif se désole : " Tous les maires des communes touchées par les émeutes ont mis en place l'ensemble des mesures de la politique de la ville, que les gouvernements de droite, comme de gauche, nous proposent depuis trente ans (...) Tout a été essayé, des budgets phénoménaux ont été engloutis, sans résultat. " Ces propos qui mêlent le vrai : "des budgets phénoménaux ont été engloutis, sans résultat " et le faux : " tout a été essayé" illustrent à nouveau, s'il en était encore besoin, l'impérieuse nécessité de la Révolution bleue.

Cet édile de la république reconnaît que, depuis trente ans, droite et gauche font la même politique. Il évoque ici la " politique de la ville ", qui touche en réalité tous les sujets, de l'éducation à la délinquance, de l'économique au social. Là réside le drame français : depuis 1974, date de la prise de pouvoir des technocrates avec le couple Giscard-Chirac, rien ne distingue plus une politique de droite d'une politique de gauche. Quel qu'en soit le domaine. Parce que la vie politique a été verrouillée par les technocrates, ceux qui veulent se débarrasser des " politiciens incapables ", pour dire " non à la chienlit " et " non au trop plein d'impôts " n'ont d'autre choix que la manifestation de rue.

Depuis 1974, la recette commune des communistes, socialistes, centristes, et autres gaullistes tendance radical-socialiste repose sur une irresponsabilité généralisée, mélange de laxisme sociétal et de redistribution fiscale. Le système excuse. Il excuse les " jeunes " qui ne travaillent pas en classe et ceux qui commettent des délits. Il excuse les syndicalistes qui détournent des bateaux et les émeutiers qui brûlent des gymnases. Le système redistribue. Il prend à Pierre qui travaille dur dans le privé et à Paul qui prend des risques pour investir. Il donne à Jacques qui, depuis son entrée dans le cocon administratif, pond des rapports et à Youssouf qui débarque d'Afrique sans le rond.

Qui s'étonne qu'à force de laxisme, l'école n'éduque plus et la justice ne rétablisse plus l'ordre ? Qui s'étonne qu'à force de matraquage fiscal et d'assistanat, l'économie s'englue ? Les éditorialistes stipendiés répètent que nos politiques " sont cultivés ". En fait de culture, nos énarques pratiquent celle de l'excuse et celle de l'impôt. Et leurs électeurs récoltent les justes fruits de leurs mauvais choix : délinquants et chômeurs se ramassent à la pelle.

Le Président de l'Amif reprend sur l'insécurité la formule de François Mitterrand sur le chômage : "Tout a été essayé. " Il montre l'homogénéité idéologique de la classe politique actuelle de l'UDFMPS. Et son échec. Oui, toutes les solutions de gauche ont été essayées par toutes les familles de la gauche ! Non, aucune solution de droite n'a été appliquée par un gouvernement de droite !

Aucune solution libérale conservatrice n'a été essayée en France. Aucun ministre de l'Intérieur, de Chevénement à Sarkozy, n'a appliqué la " tolérance zéro " pour combattre la délinquance. Aucun n'a renforcé suffisamment notre politique carcérale. Aucun ministre des Finances, de Fabius à Breton n'a diminué les impôts pour relancer l'économie. Aucun n'a réduit les dépenses publiques et sociales inutiles. Tous se sont contentés de faire semblant.

Le député-maire UMP du Raincy, Eric Raoult constate : " La pauvreté, la violence quotidienne, l'impunité et la loi du silence existent toujours (...), on pourra faire toute la politique de la ville qu'on veut, ça ne servira à rien. " L'ancien ministre de la Ville constate sa propre incapacité. Comme s'il prenait acte de la nullité des politiciens du système auquel il appartient. En Seine-Saint-Denis, la délinquance a augmenté de 20 % au mois de janvier, et à nouveau de 20 % en février. La plupart des maires de France attendent de nouvelles émeutes.

Les résultats de la politique du tandem Villepin - Sarkozy sont là : la déroute française s'accentue. Aucune embellie sur le plan économique : nos déficits publics et commerciaux se creusent, notre croissance et nos créations d'emplois ne redémarrent pas. Sur le front du chômage, l'horizon s'obscurcit. Seules les carrières d'émeutiers offrent un avenir. Qui s'en étonnera ? Nos politiques ont repris à leur compte la rhétorique victimiste des jeunes d'origine immigrée en privilégiant, au détriment de tout le reste, la lutte contre la discrimination. Ils ont récompensé les émeutiers en promettant cinquante mille emplois publics et de nouveaux logements sociaux qui leurs seront réservés. Ils ne les ont même pas sanctionnés, puisqu'une centaine de " jeunes " seulement sur des dizaines de milliers d'émeutiers ont été condamnés à des peines de prison ferme.

C'est parce que nous n'acceptons pas la destruction de notre pays, non plus que les émeutes des banlieues, le déclin économique, le laxisme des politiques et de la justice, que la Révolution bleue s'impose.

Vive la Révolution bleue ! Vive la France !

Jean-Christophe Mounicq

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