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30/5/20 Claude Reichman
     
          La deuxième mort du général de Gaulle !

En créant la Ve République, en 1958, le général de Gaulle pensait avoir donné à la France le moyen de ne plus s’effondrer dans l’adversité. Hanté par la défaite de 1940, qui avait vu l’Etat incapable de défendre le pays, il voyait dans un Etat fort la meilleure garantie de pérennité pour la France.

Or voilà que 62 ans plus tard, la France est à nouveau en déroute, face à un virus qui a révélé à tous nos compatriotes l’incapacité de l’Etat à protéger leur vie et leur activité.

Bien entendu, les gens du gouvernement continuent de vaquer à leurs occupations et multiplient les circulaires et les interdictions, mais en fait ils courent comme un canard sans tête. Ce qui signifie qu’ils sont morts et le régime avec eux.

Les causes de la défaite sont connues depuis longtemps. L’Etat prélève 57 % de la richesse nationale et ne les utilise que pour se nourrir lui-même, laissant les producteurs de richesse agoniser sous le poids des prélèvements et la rigueur des règlements.

Un des moments de franche rigolade que j’ai vécus eut lieu quand Jacques Chirac raconta que, jeune secrétaire d’Etat aux finances, il avait entendu le général dire que le budget en devait pas dépasser le tiers du Pib, et qu’il fallait donc s’inspirer de ce principe. On en est presque aux deux tiers aujourd’hui, et Chirac a mis tout son entrain à contribuer à cette dérive.

Entendre Macron parler de « se réinventer » m’inspirerait autant de gaieté que la confidence de Chirac si nous n’étions en plein drame. Aux morts de l’épidémie vont s’ajouter désormais les morts économiques, le chômage, la dette et tous les désordres qui vont en naître. Et c’est Macron, incapable d’apaiser la colère des gilets jaunes, ce qui ne demandait qu’un peu d’intelligence et d’empathie, qui se pose en grand réinventeur !

Pour redonner vie à l’économie, il faut sacrifier de larges pans de l’Etat, de la Sécurité sociale et de l’administration régionale et locale. Seul un homme d’Etat peut effectuer ce travail à la hache. Il doit à cet effet être porté par une large approbation populaire. En de telles circonstances, la nation finit toujours par faire émerger l’homme que l’on attend.

Pour aider à cette éclosion, les échanges d’idées doivent se multiplier. Il ne faut pas trop compter sur les médias traditionnels pour les abriter. La crise du coronavirus les a montrés incapables de changer leur routine et leurs invités poussiéreux. Les réseaux sociaux charrient le pire, mais parfois le meilleur. Les prises de parole par vidéo se multiplient heureusement, et certaines finiront par faire l’histoire.

Les Français n’ont pas encore pris conscience de ce qui les attend. Les tombereaux d’argent public déversés pour garder en vie l’économie, et qui ne viennent que de l’emprunt, ont créé une sorte d’anesthésie, au point que chacun se réjouit plus de pouvoir mettre le nez dehors et de tremper son orteil dans la mer qu’il ne s’inquiète de reprendre son travail et des dettes qu’il faudra rembourser.

Le général de Gaulle méritait mieux que cette deuxième mort. Mais il porte une part de responsabilité en n’ayant pas pris la précaution d’écarter les hauts fonctionnaires de toute accession au pouvoir politique, ne fût-ce qu’en les obligeant à démissionner, en pareil cas, de l’administration.

Les Français ont su faire preuve de discipline pendant l’épidémie parce qu’ils savaient que tout comportement contraire mettrait le peuple en danger. Ils vont devoir montrer les mêmes qualités dans l’épreuve économique et sociale qui s’annonce. Il va falloir fermer ses oreilles aux faux prophètes qui ne voient le salut que dans le fait de voler les autres. Et ils sont légion dans notre pays bercé au son du collectivisme depuis des décennies. Mais finalement il appartiendra à ceux qui vont avoir la charge de la France de se faire les interprètes du seul besoin qu’une large majorité du peuple peut partager, celui de liberté. Aucune décision ne devra lui être contraire. C’est la meilleure garantie de réussite.

Claude Reichman



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