www.claudereichman.com


Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme

A la une

6/11/21 Claude Reichman
     
         Un bon coup de balai ne sera pas de trop !

« En manque de saisonniers, les stations de ski font des efforts sur les salaires », nous disent les médias. Dans le même temps, sur une chaîne d’infos, le chef d’un grand service de neurologie parisien nous fait visiter des chambres vides de malades faute d’infirmières. Il est impuissant face à cette situation et se désole que vingt ans d’efforts pour monter un service de pointe soient anéantis.

Nous somme face au mal français. Là où l’Etat passe, les Français trépassent. Heureusement, ils auront quand même pu faire un peu de ski auparavant.

La Ve République a été instituée par le général de Gaulle pour rétablir l’autorité de l’Etat. Il faut dire que face à une sédition militaire, c’était la seule solution. Mais la sédition matée et le problème algérien (qui l’avait provoquée) réglé, il fallait au contraire libérer l’économie et la société. Nous étions en pleine euphorie mondiale et le small is beautiful devenait le maître mot. Mais à peine revenu au pouvoir, le Général avait commis (ou laissé commettre) l’erreur fatale : placer la médecine sous les ordres de la Sécurité sociale. Un simple décret, celui du 12 mai 1960, y avait suffi.

Le Pr Pierre Amarenco, ce chef de service de l’hôpital Bichat, n’était pas né, que le sort de son futur service était déjà scellé. Telle est la force de l’histoire qu’elle brasse le mort et le vif dans son torrent tumultueux. Le général de Gaulle pensait que « la Sécurité sociale, c’est bon pour un million de pauvres types ». Il a pourtant fait exactement le contraire, non par cynisme mais parce qu’en 1960 le problème algérien dominait tous les autres. Alors d’autres que lui ont fait ce qu’il fallait pour porter un coup fatal à la liberté en France. Il ne les a toutefois pas désavoués.

De Gaulle a eu une deuxième chance en 1967. La Sécurité sociale est un gouffre financier. Les ordonnances Jeanneney vont y mettre bon ordre - du moins le pense-t-on au sommet du pouvoir - en y introduisant la tutelle de l’Etat. Les syndicats ne décolèrent pas. La Sécu, c’est à eux ! Justement, c’était ce qu’il aurait fallu faire : leur laisser la Sécu, à charge pour eux de l’équilibrer financièrement. Et à cet effet, d’y rendre l’adhésion libre. Après tout, ce n’était que l’application du principe mutualiste qui avait donné naissance aux assurances sociales.

Mais non : les étatistes veillaient. Soit dit en passant, ils ont aussi scellé le sort du régime, car c’est la participation des syndicats au mouvement de mai 1968 – où ils n’avaient rien à faire, mais les ordonnances de 1967 les y ont conduits – qui a fait d’un simple mouvement étudiant une révolution.

Et depuis la course du chien crevé au fil de l’eau n’a jamais cessé, le corps inanimé de l’animal se gonflant au point de bloquer toute vie dans le fleuve.

Nous en somme là, et voici qu’un ludion nommé Zemmour vient s’égosiller à tous les micros pour crier que le système français n’est pas viable à cause des étrangers. En réalité, le système français n’est pas viable à cause de l’Etat, et les étrangers n’ont fait que profiter de la situation pour s’installer dans un pays où l’on a reconstitué une forme de paradis terrestre en y bannissant la malédiction du travail.

Dans le discours de Zemmour, il y a toutefois un élément de poids. Il souligne que les prestations sociales pèsent chaque année 750 milliards d’euros, ce que nous dénonçons depuis de longues années, et propose de les diminuer en supprimant les abus et la fraude des étrangers. Quand on sait que l’Aide médicale d’Etat (AME) coûte à peine un milliard, on mesure le chemin à accomplir !

La France a manqué le tournant européen. Depuis un quart de siècle, les textes permettent d’en finir avec la malédiction de la Sécurité sociale et de rétablir un fonctionnement harmonieux de l’économie. Le refus de les appliquer est le fait de tout ce qui, dans notre pays, se réclame de l’Etat. C’est par conséquent l’Etat qui va en être puni. Et c’est tout le sens du mouvement Zemmour, même si ce dernier n’en est pas tout à fait conscient, obnubilé qu’il est par le péril étranger.

En 2005, j’avais lancé la Révolution bleue. Sarkozy s’en était largement inspiré pour accéder au pouvoir et ne rien en faire. Puis de 2012 à 2018, j’ai parcouru la France et tenu chaque semaine une ou plusieurs réunions où le public se pressait, appelant les citoyens à se retirer sur le Mont Sacré, comme les Romains au Ve siècle avant Jésus Christ, afin d’y reprendre en mains le pouvoir que leur a arraché l’Etat. Peu de temps après, les Gilets jaunes reprirent ce message, avant que l’Etat ne les fasse virer à la violence par ses provocations. Aujourd’hui, Eric Zemmour est le dernier avatar de ce sursaut du peuple, qui n’est finalement que le refus des Français d’être dirigés par une coterie qui les déteste.

Parmi mes amis, certains n’aiment pas Zemmour. Je les invite seulement à regarder ceux qui le vilipendent aux étranges lucarnes. Le Tout-Etat y est rassemblé au grand complet. Franchement, un bon coup de balai ne sera pas de trop !

Claude Reichman





Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme