www.claudereichman.com


Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme

A la une

13/8/22 Claude Reichman
     
                  Chers Français, réveillez-vous !

Michel Audiard était diplômé de l’université du 14ème. C’est-à-dire des bistrots et des rues du quatorzième arrondissement de Paris. Ce qui lui permit d’exprimer nombre d’aphorismes que l’on peut encore méditer aujourd’hui. Celui-ci par exemple : « Il y a des énergumènes à qui il faudrait interdire les professions honnêtes. »
Parmi les professions honnêtes, il en est une qui n’a pas cette réputation. Elle regroupe tous ceux qui participent à la vie publique et qu’on nomme globalement les politiciens. Certains sont élus, d’autres pas, mais tous aspirent à l’être ou à le rester parce que l’élection produit, comme le disait Bertrand de Jouvenel « une délicieuse expansion du moi ».

La profession de politicien est fondamentalement honnête parce qu’elle a pour vocation de travailler au bien commun de la population. Bien entendu une telle affirmation fait éclater de rire tout un chacun en France. « Le politicien n’est pas là pour servir, mais pour se servir », dit la vox populi française. Qui n’en pense toutefois pas moins, puisque nos compatriotes vénèrent les personnages politiques…jusqu’au moment où ils les vouent à l’exécration. Sic transit gloria mundi, disait l’adage romain.

Ce préambule était indispensable pour comprendre le triste état de la vie publique française. Comme toute communauté humaine, notre pays est confronté à de sérieux problèmes. Il ne s’agit plus, comme dans un passé immémorial, d’avoir de quoi manger, ni même d’échapper à la maladie, puisque la médecine a fait d’immenses progrès, mais tout simplement de vivre ensemble. Les populations primitives vivaient en hordes qui ne se supportaient pas les unes les autres. Les peuples modernes ne passent pas leur temps à se combattre férocement, mais ils cèdent encore trop souvent à ce terrible travers. Qu’on se réfère aux conflits mondiaux qui ont émaillé le vingtième siècle.

On pensait naïvement être sorti de cette malédiction, mais un certain Poutine a tenu absolument à marquer sa présence dans l’humanité en redonnant vie à la tradition multiséculaire du massacre des hommes entre eux, cette définition incluant évidemment les femmes et les enfants. La majorité des citoyens occidentaux soutient le peuple ukrainien, mais il y a de nombreux Français qui détestent les Américains au point qu’ils étendent leur haine à ceux que ces derniers soutiennent, en l’occurrence les Ukrainiens.

Parmi mes grands étonnements, il y a cette haine de l’Amérique qui affecte certains Français. Certes, on n’aime jamais ceux qui vous ont aidés, mais de là à imputer aux Etats-Unis des volontés homicides, par empoisonnement ou par tout autre maléfice, qui les animeraient impitoyablement à notre égard, il y a un pas qu’on a du mal à comprendre.

En vérité, le peuple américain est plutôt indifférent à l’égard de l’Europe et de ses habitants. En ce moment, le dollar portant haut par rapport à l’euro, ils sont quelques-uns à nous rendre visite et se comportent plutôt bien à notre égard, du moins à ce que je peux constater à Paris. Il est vrai que je n’ai pas vérifié s’ils ont du poison dans leur poche.

Mais revenons à nos moutons, ceux qui paissent dans les prairies de la démocratie française. Un simple constat permettra d’y voir clair. Les politiciens français expriment dans leur quasi-totalité les désirs et les volontés des citoyens qui veulent vivre sans travailler, ou en faisant semblant. Du coup, toute mesure visant à augmenter la quantité de travail dans notre pays est repoussée impitoyablement dans les ténèbres de l’histoire, dans « ces heures sombres du passé que nous ne voulons à aucun prix revoir ». Tranchons le mot : travail et nazisme veulent dire la même chose en français.

A ce stade de notre récit, nous devons constater soit que le peuple français souffre d’une incurable allergie au travail, soit que les politiciens qui en sont les hérauts ne sont que des imposteurs. Car dans toute une vie de travail, je n’ai rencontré que des compatriotes avec qui j’étais en accord, même si nous différions sur certaines modalités. Les autres, ceux que j’ai eu à combattre sans relâche, étaient des paresseux qui, affublés de costumes étatiques, ne pensaient qu’à faire « suer le burnous » aux libéraux, c’est-à-dire à tous ceux qui créaient la richesse de notre pays.

Aujourd’hui, les porteurs de burnous n’en peuvent plus, et leurs tortionnaires ne savent plus quoi faire pour les forcer à bosser. Alors montrons notre générosité. Il n’est pas question – nous sommes civilisés – d’attenter à la sécurité physique des tortionnaires. Mais simplement à leur sécurité mentale : supprimons le statut de la fonction publique à tous ceux dont le métier est aussi exercé par des travailleurs du secteur privé. Vous verrez tout à coup la France revivre. C’est notre vœu le plus cher.

Et comme par miracle, les médias entonneront des péans aux joies du travail et mépriseront les fainéants. Ce sera un juste retour des choses.
En fait, la France sera remise à l’endroit. Et c’est ce dont elle a besoin.

Notre principal adversaire n’est pourtant pas le camp des paresseux. C’est « l’inaction des gens de bien », comme le pensait Edmund Burke. Oui, chers et valeureux Français, réveillez-vous !

Claude Reichman



Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme