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9/2/06

Burgaud, Eichmann et les autres

Ce que tous les Français ont pu voir à la télévision, à l'occasion de l'audition du juge Burgaud par la commission d'enquête parlementaire, c'est ce qu' Hannah Arendt a appelé " la banalité du mal ". Ce petit bonhomme minable, bégayant sa leçon de " technique judiciaire ", l'air traqué alors qu'il était arrogant quand il officiait à l'instruction, incapable d'émotion sauf sur son propre sort, c'est le même qui a infligé sans le moindre état d'âme des dizaines d'années de prison à des innocents.

Une autre audition : celle d'Adolf Eichmann, au cours de son procès en Israël. Celui qui a envoyé des millions d'hommes et de femmes à la mort dans les camps nazis n'était rien d'autre qu'un fonctionnaire de l'horrible. Il n'avait fait qu'obéir aux ordres et n'a jamais lui non plus exprimé le moindre remords. Ce qu'il faisait, c'était ce que sa hiérarchie attendait de lui. Banalité du mal !

Burgaud n'a été qu'un maillon de la chaîne judiciaire. Ni meilleur ni pire que ses collègues. Jamais sa hiérarchie ne l'a alerté sur une possible erreur, il est donc irréprochable et ne cesse de le répéter. Banalité du mal !

Des Burgaud, il en sort 250 par an de l'Ecole nationale de la magistrature. Tous formatés, tous semblables. Ils sont la justice française. Et des Outreau, il y en a tous les jours disent aujourd'hui en chœur avocats et magistrats, maintenant que l'indicible scandale a libéré la parole. Alors que faire ? Attendre que la commission d'enquête accouche de propositions contradictoires, que les juges relèvent la tête et fassent obstacle à toute vraie réforme, que la tyrannie du statu quo s'appesantisse à nouveau sur un peuple torturé par l'administration du pays, qu'elle soit judiciaire, fiscale ou autre ? Non. Des décisions sont à prendre et vite. Non pas sous le coup de l'émotion, mais pour prévenir l'émeute qui vient et risque de tout emporter dans un épouvantable tourbillon de haine et de vengeance.

Il faut renvoyer tous les magistrats français, comme Ronald Reagan l'avait fait des contrôleurs de la navigation aérienne en grève illégale, et ne réengager que ceux qui donneront à une commission ad hoc des gages de compétence, d'indépendance et d'impartialité. Supprimer immédiatement l'Ecole nationale de la magistrature et ne plus admettre comme juges que des personnes ayant une connaissance du droit vérifiée par examen et au moins dix ans d'expérience professionnelle. Alors, et alors seulement, la justice pourra être rendue comme elle doit l'être, c'est-à-dire par des hommes et non par des " techniciens judiciaires ", dans la sérénité et la fermeté qui ne peuvent naître que d'une humanité vécue et assumée.

Entre Burgaud et Eichmann, la différence réside dans l'étendue du pouvoir. Eichmann avait à sa disposition l'appareil industriel de mort mis en place par le régime nazi. Burgaud et ses semblables n'ont que la prison. Heureusement pour nous. Mais ils ne doivent s'attendre désormais à aucune indulgence des Français. Le mal ne peut étendre sa banalité sur une société que si le peuple est tenu dans l'ignorance. Mais maintenant que tout le monde sait, le mal a perdu la partie. Et face aux " techniciens judiciaires ", les droits de l'homme guident nos pas !

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue

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