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27/5/23 Claude Reichman
     
              La stratégie du beau-frère a gagné !

Notre civilisation est fondée sur le droit de propriété. Il est celui dont tout découle. A commencer par la liberté. Et ce n’est pas par hasard que tous les ennemis de cette civilisation s’attaquent en priorité au droit de propriété. Le meilleur exemple en est le communisme, où l’individu n’est propriétaire de rien. Mais le socialisme, qui n’en est que la version légèrement atténuée, n’est pas en reste. Le meilleur exemple en est la France, qui depuis 1945, a perdu l’essentiel de ce droit au profit d’organismes institués par l’Etat et que jamais la représentation nationale n’a remis en cause.

La situation désolante de notre pays actuellement n’a rien de surprenant. Elle est la conséquence logique du massacre de la propriété. Une personne très avisée mais un peu troublée par l’avancée sans frein de la prédation étatique me demandait récemment : « Mais pourquoi les gens ne se révoltent-ils pas ? ». Je lui répondis simplement : « Parce qu’ils ont été privés de l’essentiel de leur propriété. A commencer par celle de leur rémunération. » Je laissai mon interlocutrice dans un trouble que ma réponse n’avait pas levé. Je n’en fus pas surpris. Les Français les plus éclairés n’ont toujours pas compris ce qu’il leur est arrivé.

J’aime les Français. C’est le peuple le plus sympathique de la terre. Je souffre de ce qu’on lui a fait. On l’a privé de sa plus belle vertu : l’indiscipline. C’est elle qui le sauve des dictatures. Mais cette fois, cela n’a pas fonctionné. L’adversaire a été le plus malin. Il a usé d’un truc vieux comme le monde, mais bien amélioré. Il a mis la carotte au bout de son bâton, mais l’a donné à manger par petits bouts à la monture qui tirait sa carriole. Le résultat n’a pas manqué : celui qui tirait la charrette n’a jamais plus rué dans les brancards, heureux d’avoir à manger.

Et la fête continue. Nous arrivons au stade ultime de la confiscation. On va nous prendre nos demeures, impropres à la lute contre le carbone, et même les terrains dont nous avions pu rester propriétaires vont passer dans la poche de l’Etat, dont nous deviendrons les locataires. Ne pensez surtout pas qu’il s’agit de projets farfelus. Vous n’imaginez pas la célérité de nos dirigeants quand ils élaborent un projet à leur avantage. C’est fait avant même d’être acté !

Alors me direz-vous, puisque c’est fait, à quoi bon se battre ? Pour une raison simple. Parce que qui est fait peut être défait. Le tout est de choisir le bon terrain d’affrontement. C’est le propre de tous les généraux victorieux. J’entendais récemment un universitaire prophétiser qu’un jour prochain quelqu’un se lèverait et appellerait à la lutte pour la liberté. J’en accepte l’augure. Même si je n’y crois pas. Car l’appel à la liberté retentit aux oreilles des peuples maltraités, mais non des peuples repus. En France, il y a 25 millions de personnes qui ne s’en tirent pas, mais qu’on calme à coup d’allocations. Le reste est fait de retraités, d’enfants, et de membres des classes moyennes se regardant tomber le long de l’échelle de la société. L’unique ambition de la classe dirigeante est de conserver le pouvoir. Dût le pays s’effondrer.

En fait le salut viendra de la stratégie du beau-frère, dont j’ai l’honneur d’être l’auteur. La scène se déroule un dimanche à midi. Deux couples déjeunent, deux sœurs et leurs maris. L’une des deux jeunes femmes dit qu’au travail son époux vient d’être augmenté de 30 %. Comment ça ? s’écrie l’autre couple. Très simple, expliquent les bénéficiaires de l’augmentation, on s’est assuré dans le privé au lieu de la Sécu. Après quelques simples explications, l’autre épouse regarde son mari et lui lance, plutôt furieuse : « Tu vas faire pareil. Tu n’est quand même pas plus con que ton beau-frère ! ».

L’affaire est bouclée. Les Français viennent de retrouver la liberté. Parce qu’ils ont retrouvé la propriété, celle de leur rémunération. Rien de plus simple, mais surtout de plus révolutionnaire. Un peuple captif qui se libère, c’est toute l’histoire de l’humanité. Avec ses succès et ses échecs. Mais là le succès est garanti. Parce que l’action de libération s’inscrit dans la loi. Certains me demandent pourquoi cela ne s’est pas fait plus tôt. Je leur réponds : « Parce que vous ne m’avez pas aidé ». C’est un peu méchant, car l’interlocuteur n’était peut-être pas en situation d’agir, mais c’est collectivement mérité.

J’ai fait pendant plus de cinq ans le tour de France, à raison d’une ou deux réunions publiques par semaine où j’expliquais à mes nombreux auditoires la nouvelle donne juridique qui leur permet de se libérer. A chacune de ces réunions, des huissiers protégés par des gendarmes en tenue de combat tentaient de nous impressionner. Le système faisait plus que se défendre : il était prêt à tuer. C’est dire l’importance de l’enjeu. Eh oui ! Le pouvoir a tant d’attrait qu’on est prêt à tout pour le conserver !

De telles scènes sont inimaginables dans un pays démocratique. Elles ne le sont pas dans une dictature. Mais la victoire revient toujours à ceux qui sont prêts à mourir pour leur liberté. Celle de la France et des Français valait bien cette guerre. Même si un peu de lucidité aurait pu nous en épargner. Mais comme disait Kipling, « ceci est une autre histoire. »

Claude Reichman




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