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6/1/10 Claude Reichman

Vaccination contre la grippe A : la débâcle !

L’administration française de la santé voulait faire de l’épidémie de grippe A le champ de bataille de son triomphe. Elle n’y a récolté qu’un lamentable échec de plus.

De l’affaire du sang contaminé à la canicule de 2003, en passant par l’hormone de croissance, les responsables administratifs de la santé dans notre pays, et avec eux les politiciens en charge de ces dossiers, sont allés de catastrophe en catastrophe. Inutile de rappeler les faits, tout le monde s’en souvient. Une constante s’en dégage : l’administration agit avec aveuglement, légèreté et incompétence. Le simple bon sens de quelques responsables aurait suffit à éviter ces drames. Mais demander du bon sens à l’administration française, c’est demander à un mammouth de voler.

Mais cette fois-ci, on allait voir ce qu’on allait voir. Une gigantesque pandémie de grippe était annoncée, et d’un coup d’un seul nos glorieux fonctionnaires allaient enfin pouvoir démontrer leur virtuosité, faire oublier leurs échecs répétés et taire les critiques.

Premier impératif : ne partager la gloire avec personne. Le plan grandiose de vaccination mis sur pied était, aux dires de ses organisateurs, « un plan de guerre ». Objectif : vacciner au moins 30 millions de personnes. Des centres de vaccination collectifs ont donc été créés dans des locaux publics, et des personnels réquisitionnés.

Pas question de faire appel aux médecins généralistes. C’est pourtant eux qui vaccinent les Français en temps ordinaire, ainsi que les infirmières libérales, mais pas question de s'associer à cette piétaille dépourvue du sens de l’Etat. On a alors inventé mille raisons plus mauvaises les unes que les autres pour justifier leur mise à l’écart : le conditionnement des vaccins en doses collectives, la nécessité pour les médecins de se consacrer aux soins des malades de la grippe, les risques de contact entre personnes saines et malades dans les salles d’attente, le coût des actes de vaccination, etc.

Et il s’est passé alors un phénomène curieux et intéressant, qu’on pourrait appeler le principe de précaution inversé. Car tandis qu’au nom de ce principe, l’administration et les pouvoirs publics s’étaient mis sur le pied de guerre pour vacciner en masse les Français, ceux-ci, tout aussi massivement et en vertu du même principe, jugèrent que les risques supposés de la vaccination et le caractère apparemment sans grande gravité de la pandémie leur commandait de faire preuve de prudence et de ne pas se faire vacciner !

Si bien qu’au début de l’année 2010, et alors que le pic de la grippe semblait avoir été atteint, 5 millions de personnes seulement avaient été vaccinées, tandis que des millions de doses de vaccin et de Tamiflu restaient sur les bras des autorités … et des contribuables. Et la ministre de la santé, Mme Bachelot, qui venait d’affirmer que si c’était à refaire elle le referait exactement de la même façon, s’empressait le lendemain, devant la polémique qui enflait, de déclarer qu’elle allait revendre les stocks de vaccin en trop et faire appel aux généralistes pour poursuivre les vaccinations. Une vraie débâcle !

La leçon de cet énième échec, qui n’a pas d’équivalent dans les pays comparables, est exactement la même que celle de tous les autres : l’administration française, incapable de rendre aux Français les services qu’ils devraient pouvoir en attendre, agit au contraire contre leurs intérêts et ne sert que les siens.

Il va de soi que ce qu’on peut constater dans le domaine de la santé publique se retrouve à l’identique dans tous les secteurs d’activité et que cela pose en pleine lumière le problème auquel notre pays ne pourra éviter de s’attaquer s’il veut éviter la catastrophe ultime : la réduction drastique du poids et du rôle de l’administration en France.

Un député de mes amis me disait un jour : « En tant que parlementaire, n’ayant aucune prise sur les évènements, je ne suis au fond qu’un nénuphar : le plus bel ornement de la mare ! » Mme Bachelot, qui affectionne les tenues roses, peut à ce compte être qualifiée sans sévérité excessive de boule de guimauve. Et ça se dit ministre ! Pauvre France !

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.

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