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Politique  

        France, terre d’Islam

 

par Claude Reichman

31-3-03

La guerre d’Irak a déjà bouleversé les frontières politiques en France. En choisissant de s’opposer frontalement aux Etats-Unis, Chirac a une fois de plus joué contre son camp, mais il a aussi entraîné dans sa folle course à l’abîme une bonne partie de la droite nationale et souverainiste. Aveuglée par sa haine de l’Amérique, celle-ci n’a même pas vu le piège qui lui était tendu et y a sauté à pieds joints. En se joignant au front antiaméricain, elle a adhéré au camp pro-arabe et a, du même coup, perdu toute raison de s’opposer à la politique de Chirac en matière d’immigration. Or que veut le président de la République ? Le métissage de la France. Il ne s’agit pas, de sa part, d’une lubie passagère ou d’une inflexion tactique. C’est au contraire un choix déterminé, fait sans doute sous l’influence de conseillers occultes qui le guident d’une main ferme, et qui est bien antérieur à l’élection présidentielle où il est devenu l’élu de la gauche bien plus que celui de la droite. C’est à l’occasion du transfert des cendres d’Alexandre Dumas au Panthéon qu’il avait révélé solennellement au pays l’orientation qu’il comptait désormais donner au destin de la France. Choix dramatique et dont, bien sûr, notre peuple avachi et lobotomisé par la télévision n’a même pas pris conscience. Or il s’agit d’un évènement qui n’a pas de précédent depuis la chute de l’empire romain sous la pression des grandes invasions. Rappelons que celles-ci ne furent qu’épisodiquement guerrières. Elles consistèrent pour l’essentiel dans l’installation sans combat, à l’intérieur du limes que ne protégeaient plus les troupes de Rome, de peuplades étrangères qui y implantèrent leurs lois propres et leurs coutumes. C’est très  exactement ce que Chirac a décidé d’accepter de la part des populations musulmanes déjà implantées en France ou qui s’apprêtent à y venir. Elles ne peuvent qu’y être encouragées par l’attitude de la France dans l’affaire d’Irak.

On reste confondu par l’incroyable aveuglement de la droite nationale et souverainiste. Comment n’a-t-elle pas compris les véritables motifs qu’a Chirac de s’opposer aux Etats-Unis ? De même, elle n’a voulu voir dans la décision américaine d’envahir l’Irak qu’une manifestation de la politique de puissance et d’unilatéralisme, alors qu’il s’agit d’éradiquer le plus possible de foyers de terrorisme et de dissuader les « Etats voyous » de soutenir des actions criminelles contre l’Occident.

 

Le choix du courage et celui de la lâcheté

 

On peut évidemment s’interroger sur la méthode choisie et sur le choix de la cible irakienne, mais il est indéniable qu’une partie des musulmans du monde a déclaré la guerre aux pays développés et veut y entraîner tout l’Islam. Ceux qui sont de bonne foi hostiles à la guerre d’Irak disent qu’elle va en fait avoir l’effet inverse de celui qu’espèrent les Américains, en rendant solidaires tous les musulmans et en provoquant une recrudescence du terrorisme. C’est pourtant le contraire qui, à nos yeux, est vrai. Les attentats du 11 septembre visaient, par leur audace et par la force symbolique des cibles choisies, à frapper à la fois les opinions occidentale et arabe. En attaquant sur son sol la première puissance mondiale, Al Qaida mettait au défi l’Amérique et l’Occident d’entrer en guerre contre le terrorisme, au risque de provoquer la colère des musulmans du monde entier, ou de se contenter d’une réplique limitée qui marquerait leur faiblesse et donnerait le signal de nouvelles offensives, encore plus audacieuses, contre eux. Les Etats-Unis ont choisi la première solution, celle du courage, la France a opté pour la seconde, celle de la lâcheté. Chirac y était à l’avance disposé, certain que notre pays avait son avenir occidental derrière lui et que la minorité musulmane installée sur notre sol était appelée à y devenir majoritaire.

Pour autant, la droite ne devait pas suivre le président de la République dans cette voie. Hostile au communautarisme, elle devait faire respecter la seule ligne conforme à ses idées, celle de l’assimilation des musulmans déjà implantés - ce qui implique de leur part l’acceptation et le respect de nos valeurs et l’abandon de leurs prétentions à obéir aux injonctions civiles de leur religion - en même temps que le contrôle strict désormais et la forte réduction du flux migratoire en direction de notre pays. Au lieu de cela, la droite, largement unie pour une fois, mais dans l’aberration, a fait savoir à l’Islam qu’elle n’était dorénavant plus hostile à ses menées, jugées moins dangereuses que le combat de l’Amérique contre le terrorisme.

Ne nous faisons aucune illusion. Les Etats-Unis, même s’ils sont indignés que nous leur ayons tiré dans le dos, n’attachent qu’une importance réduite au sort de la France. Un Maghreb remontant jusqu’à Dunkerque et Strasbourg ne les effraie pas plus qu’une Allemagne devenue turque. Ils savent que pour eux l’avenir, une fois le terrorisme éradiqué et les musulmans redevenus calmes, est dans le Pacifique, face au géant chinois. Ils ne verseront pas une larme sur notre civilisation disparue, parce qu’elle se continuera chez eux et pour eux. Il est établi depuis longtemps que nous avons la droite la plus bête du monde. Voilà qu’à présent elle est devenue criminelle.

 

Claude Reichman

 

Alain Duhamel en croisade contre Bush

 

 L’éditorialiste de RTL a-t-il franchi la ligne jaune ? On peut se le demander quand on l’entend stigmatiser la religion du président des Etats-Unis. Celui-ci serait « investi d’une sorte de mission sacrée et habité par une foi casquée, c’est-à-dire, il faut le dire, un peu moyenâgeuse ». D’ailleurs, « les textes qu’il lit sont d’un simplisme et d’une intolérance exceptionnels ». 

Alain Duhamel ne fait pas mystère de son protestantisme, ce qui est évidemment son droit le plus absolu. Est-il pour autant autorisé à utiliser l’antenne de RTL pour y fomenter une guerre de religion ? La question mérite d’être posée quand on prend connaissance de la déclaration du pasteur Jean-Arnold de Clermont, président de la Fédération protestante de France, qui condamne le « messianisme politico-religieux » et le « fondamentalisme » de Georges W. Bush, et appelle à se « mobiliser théologiquement et spirituellement contre une telle idéologie », accusant le président américain de développer « un discours qui n’est qu’une idolâtrie, sans rapport avec le Dieu de la Bible ». Jupiter, dit-on, rend fous ceux qu’il veut perdre. En l’occurrence, Jupiter doit être mis hors de cause.   

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