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7/2/12 Charles Schwab
         La Réserve fédérale doit cesser d’injecter
                                 des liquidités !  

Cela fait trente-sept mois que le marché de l’argent est manipulé par le biais de la Réserve fédérale qui maintient un taux d'intérêt proche de zéro. Mais est-ce que cette politique monétaire fonctionne encore ?

La demande de prêts à la consommation ou à l’investissement reste modeste, en partie parce qu'il n'y a pas d’urgence à emprunter lorsque la Fed a décidé que les taux resteront bas pendant des années. Pourquoi prendre le risque aujourd'hui alors que l'argent sera encore disponible demain ?

Le président de la Fed, Ben Bernanke, a déclaré la semaine dernière aux parlementaires que la politique fiscale devait avant tout «ne pas faire de mal à l’économie ». La même chose vaut pour la politique monétaire. La politique de taux d'intérêt proches de zéro nuit à notre économie.

La politique de la Fed s'est traduite par une injection massive de capitaux dans le système, créant ainsi une hausse massive de liquidités mais avec une vitesse négligeable de circulation de cet argent. Cet argent est resté dans les banques. L'effet multiplicateur qui accompagne un coup de pouce de la liquidité reste au plus bas. Il y a suffisamment de capitaux pour stimuler la croissance mais cet argent ne travaille pas.

Les épargnants américains sont forcés par le rendement zéro des comptes d’épargne de prendre des risques importants. Pour obtenir un rendement même modeste, ils abandonnent les actifs sûrs tels que les obligations à court terme ou les certificats de dépôt au profit d’actifs plus risqués comme les actions. L’autre option n’est pas réjouissante. S’ils gardent des obligations à long terme, cela peut se retourner contre eux si l'inflation repart. Ils ont considérablement réduit leurs dépenses de consommation et vivent plus modestement, retirant ainsi de l’économie l'argent qui, autrement, soutiendrait la demande.

Nous avons aussi assisté à une fuite de capitaux hors de l'Europe, qui sont venus se placer dans les obligations du Trésor américain. Ce mouvement reflète une aversion mondiale au risque. La création de nouvelles entreprises est au plus bas selon les statistiques du Bureau du Travail. Il y a une confiance insuffisante parmi les chefs d’entreprise pour investir. En bref, les actions de la Fed, plutôt que d'aider, ont eu l'effet pervers de détruire la confiance des chefs d’entreprises et des banquiers. Les banques sont si restrictives qu’elles ne prêtent de l’argent qu’à ceux qui n’en ont pas besoin.

Le 25 janvier, la Fed a affirmé qu’elle maintiendrait les taux d'intérêt à court terme proches de zéro au moins jusqu'à la fin de l’année 2014. Elle a ainsi envoyé un signal de crise plutôt que de confiance au marché. Pour un emprunteur potentiel, le message de la Fed est que l'économie est encore dans un état critique, si elle n'est pas sur son lit de mort. Vous ne pouvez pas garder éternellement un patient en salle de réanimation et faire croire aux gens qu'il va mieux.

Pourtant, l'économie n'a pas besoin de respiration artificielle. C'est tout le contraire. Le patient a besoin de se lever et de commencer à bouger. Nous pourrions sortir de ce pétrin si la Fed croyait aux vertus du marché. Dans un marché libre, l'offre et la demande s’équilibrent. Cela est vrai pour tout marché, qu’il s’agisse de céréales, de logement, d'argent ou de crédit. Mais pour qu’un marché libre fonctionne correctement, il faut d’abord que le gouvernement ne s’impose pas, retardant d’autant le retour à l'équilibre. (1)

Tout doit changer avec une autre politique de la Fed. Voilà le message que les investisseurs et les ménages espèrent entendre de M. Bernanke après la prochaine réunion du Federal Open Market Committee :

«La Fed a utilisé ses pouvoirs de manière efficace et appropriée lorsque la crise financière a commencé en 2008, mais il est clair à présent que l'économie est en voie de guérison et que le bénéfice de l'injection massive de liquidités dans l'économie est passé. Nous devons laisser les taux d'intérêt fluctuer selon la demande et l’offre du marché. Avec la crise financière de 2008 derrière nous, un marché libre est le meilleur moyen de créer une croissance stable. L’objectif est de laisser le marché se débrouiller tout seul. Nous espérons que l'annonce d'aujourd'hui accomplisse deux choses immédiatement : primo qu’il mette en exergue notre confiance, soutenue par les statistiques, dans le fait que l'économie des États-Unis n’est plus convalescente, secundo, qu'il reflète notre conviction que le rôle de la Fed en matière de politique économique est limité

Il y a un dicton en finance qui dit : «Ne vous battez pas contre la Fed !» Il est grand temps que la Fed abandonne la lutte. Elle a fait son travail. Laissons le marché faire le sien à présent. Cela permettra de restaurer la confiance des entrepreneurs et de stimuler de nouveaux investissements dont nous avons tant besoin pour faire reculer le chômage. (2)

Charles Schwab

Notes du traducteur :

(1) En maintenant un taux proche de zéro pendant trop longtemps, la Fed a produit une autre bulle avec un endettement exorbitant de certains Etats européens. On voit aujourd’hui les dégâts avec la faillite des Etats-Providence qui se sont lancés imprudemment dans des politiques de relance keynésienne. Conclusion : il faut supprimer les banques centrales et les technocrates « omniscients » pour éviter la formation de bulles à l’avenir.

(2) N’en déplaise à la classe politique française, le marché reste le meilleur garant de l’allocation optimale des ressources. Si on baisse artificiellement les taux d’intérêt à zéro et si de surcroît, comme en France, on taxe lourdement l’épargne à 40%, il n’y a aucune incitation à la création d’une épargne liquide et abondante dont les petites entreprises ont besoin pour financer leurs investissements. Les grandes entreprises ne sont pas concernées car elles se financent directement sur les marchés. Ce n’est pas avec le livret d’épargne et d’industrie sorti par l’énarque candidat au Bourget que l’on résoudra la pénurie d’investissement dans les P.M.E. mais en foutant la paix au marché et en taxant les plus values mobilières à 10% au lieu de 40% actuellement.

 

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