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30/3/06 Jean-Christophe Mounicq

                            Sarkozy laisse s’installer l’ordre barbare

Le lundi 27 mars, veille des grandes manifestations contre le CPE où bandes ethniques et hordes barbares s’apprêtent à fondre sur Paris et les principales villes de France pour saccager, piller et frapper manifestants, forces de l’ordre et passants, le ministre de l’Intérieur, que d’aucuns imaginent surmené, prend le temps de lancer sa campagne présidentielle dans un grand meeting à Douai. A chacun ses priorités. Certains fantasment sur un Sarkozy obsédé par la sécurité et l’ordre. Nicolas Sarkozy, lui, fantasme sur la présidence de la République. Pas seulement quand il se rase le matin, aime-t-il répéter. La décence conduirait à attendre que la France cesse de donner aux médias de la planète l’image dévastatrice d’un pays au bord du chaos. La conscience professionnelle commanderait de réussir à son poste de ministre, en rétablissant l’ordre et la sécurité en France, avant de rêver de fonctions plus hautes. « Sarko » ne connaît pas ce type de pudeur.

Avec des banlieues en situation insurrectionnelle, la barbarie et la criminalité en hausse, le petit Nicolas sait son bilan de ministre de l’Intérieur bien plus catastrophique que ses pourtant déjà mauvais bilans de ministre de l’Economie dans le gouvernement Raffarin ou de secrétaire d’Etat au Budget dans celui de Balladur. Il sait aussi, en vieux politicien du système, pouvoir compter sur les medias complices pour ne pas évoquer les choses qui fâchent. Les journalistes ne chercheront pas davantage de vrais poux sur la tête de M. Sarkozy que sur celle de M. Fabius ou de Mme Royal. Ainsi va la vie politique en France, avec ses médias aux ordres, souvent menteurs par omission.

La manifestation parisienne du 28 mars contre le CPE a été le prétexte d’un déchaînement de violence inouïe. Dès son départ, place d’Italie, des centaines de casseurs enfoncent le cordon de sécurité pour frapper les manifestants. A l’arrivée, place de la République, les bandes franchissent un nouveau pas en attaquant le carré de tête de la manifestation pourtant le plus protégé. Tout au long de la manifestation « des bandes très organisées et mobiles d'émeutiers de la banlieue parisienne ont frappé et dépouillé dans les transports en commun et au cœur même de la manifestation toutes les personnes sur leur passage. Ces bandes, regroupant jusqu'à 300 individus, se sont livrées à des vols avec violence en réunion avec une barbarie jamais égalée » précise le communiqué du syndicat CFTC Action Police. Pour les révisionnistes du Figaro du 29 mars cela donne : « Services d’ordre syndicaux musclés et forces de l’ordre réactives ont permis d’éviter violences et pillages durant le défilé ». Dormez en paix braves gens, Sarkozy et ses propagandistes veillent.

Les éditorialistes étrangers évoquent un destin à l’Argentine pour une France asphyxiée par son Etat-providence, tout aussi incapable de contenir l’explosion de ses dettes que de relancer sa machine économique. Les télévisions du monde montrent une France peuplée de barbares qui enflamment les banlieues des trois cents plus grandes villes, quand ils n’attaquent pas les trains ou les défilés d’étudiants. Les barbares tuent. Ils tuent Jean-Claude Irvoas parce qu’il prend une photo d’un réverbère, tuent Jean-Jacques Le Chenadec parce qu’il éteint un feu de poubelle, percutent et laissent mourir Raphaël Clin parce qu’il est gendarme. Les Barbares torturent à mort. Ils brûlent vive Sohane Benziane et Chahrazade Belayni, lapident Ghofrane Badaoui parce qu’ils ne conçoivent la femme que soumise. Ils brûlent Ilan Halimi avant de le couvrir d’acide parce qu’il est juif et que sa communauté doit payer.

Le ministre de l’Intérieur laisse s’installer l’« ordre barbare », donne des consignes de modération à la police et à la presse, et entame sa campagne présidentielle. Il se présente en sauveur providentiel, tel un extra-terrestre tombé du ciel. Il va jusqu’à supprimer toute référence à l’UMP lors de son meeting. Comme s’il n’était pas le président du parti qui a dirigé sans partage la France depuis bientôt quatre ans. Comme s’il n’avait aucune responsabilité dans le marasme économique et sécuritaire de notre pays.

Sarko sait que journalistes et gauchistes le traiteront toujours de libéral conservateur tendance réactionnaire et que son électorat s’y laissera prendre comme il s’est laissé prendre par Giscard et Chirac. En bon radical socialiste, le ministre de l’Intérieur multiplie les déclarations de foi pro-immigrationnistes (1). Il agit en conformité (2). Il multiplie les circulaires aux préfets pour demander de la complaisance à l’égard des immigrés illégaux, octroie des titres de séjour à ceux de Sangatte, décuple le quota de visas aux Algériens. Il relance l’immigration, reconnaît officiellement et sponsorise une organisation proche des « Frères musulmans », l’UOIF, interdit l’expulsion hors de France des délinquants étrangers, promet aux immigrés des droits et avantages particuliers dont seront privés les Français de souche avec la discrimination positive, et s’engage pour le droit de vote des immigrés aux élections locales.

Les 200 000 membres de l’UMP, par « naïveté », aveuglement plus ou moins volontaire, ou calcul personnel, suivent un chef qui enfonce la France. Devant 3000 d’entre eux, il a expliqué sa méthode pour réformer notre modèle économique et social : « La « rupture » comme projet, le « compromis » comme méthode », titre le Figamonde du 28 mars, édition du matin ; en « prônant le dialogue social » précise l’édition du soir. Ce seront les syndicats marxistes ou trotskistes de fonctionnaires qui diront jusqu’où la réforme peut aller : nulle part ! « La rupture par le compromis » est aussi absurde qu’impossible.
Sarkozy révèle, ici encore, sa vraie nature en recommandant de faire machine arrière face à la pression de la rue sur une mesure aussi dérisoire que le CPE : il est un homme du centre mou. Nul disposant de ses pleines facultés intellectuelles ne peut de bonne foi dire que ce politicien pourra réformer la France et la remettre sur la voie de la prospérité dans la sécurité.

Sarkozy est un malin. Seule son élection l’intéresse. « On peut être ferme sans être rigide, conciliant sans être faible » chiraquise-t-il. « Il me semble utile qu’avant toute initiative d’application, on prenne le temps que la négociation aboutisse » raffarine-t-il. Cette méthode, n’est rien d’autre que celle utilisée par les technocrates sociaux-démocrates depuis 1974. Elle est la méthode de l’échec. Avec elle, dix ans de présidence Sarkozy ne suffiraient pas à pondre un rapport sur les mesures nécessaires au redressement de la France.

Le Président de l’UMP s’adresse aux centristes, aux satisfaits, aux frileux et aux privilégiés qui ont, ou croient avoir, un intérêt au statu quo. Il veut conquérir les Français qui imaginent que la France finira par se redresser par l’opération du Saint-Esprit sans qu’ils fournissent d’efforts. Son électorat sera majoritairement composé de fonctionnaires, retraités et salariés de grandes entreprises qui savent leurs positions bien plus favorables que celles des jeunes, des chômeurs et des salariés en situation précaire ou instable. Le sarkozyste prétend vouloir le changement pour se donner bonne conscience. Il n’y est pas prêt et ne le souhaite pas en son for intérieur.

Les Françaises et les Français, qui savent que le statu quo est non seulement injuste mais aussi intenable, n’ont d’autre solution que de rejoindre les rangs des révolutionnaires bleus qui seuls réclament la réduction des impôts et des dépenses publiques pour relancer l’économie et la tolérance zéro pour remettre de l’ordre.

Jean-Christophe Mounicq

1. cf. Libération du 23 décembre 2005 ou « 100 minutes pour convaincre » du 9 décembre 2002 sur France 2.
2. cf. l’instructif dossier « Les 7 péchés capitaux de Nicolas Sarkozy » dans La Voix des Français de mars 2006 (www.vdfr95.com)

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