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7/7/07

Claude Reichman

La Sécurité sociale conduit le régime à sa perte

La Sécurité sociale est en train de conduire le régime à sa perte. Il s’agit d’une machine infernale qui, à peine refroidie, s’enflamme à nouveau et dévaste tout. Ce constat, nous l’avons dressé depuis des années, sans jamais être entendus par les "responsables"  politiques ni même par les médias, à quelques très rares exceptions près. Il est vrai que pour beaucoup de journalistes français, parole de ministre vaut parole d’évangile.

Rien de ce qui arrive aujourd’hui à la Sécurité sociale n’était imprévisible. Au contraire même, tout était facile à prévoir. Le pouvoir, qui ne vit que dans l’illusionnisme permanent, a vendu à l’opinion une « réforme » des retraites en 2003, conduite par François Fillon, et une « réforme » de l’assurance maladie en 2004, œuvre de Philippe Douste-Blazy et de Xavier Bertrand. Or ces prétendues réformes n’ont rien réformé du tout. L’ironie de l’histoire veut que deux de leurs glorieux auteurs aient connu une spectaculaire promotion dans le nouveau gouvernement formé par M. Sarkozy après son élection, à commencer par M. Fillon, nommé premier ministre. Et pourtant, comme l’avait dit Albert Einstein, "on ne résout pas les problèmes avec ceux qui les ont causés". Mais voilà, tout à son lyrisme volontariste, M. Sarkozy a oublié les réalités les plus élémentaires. Elles se rappellent à lui sans pitié, quelques semaines à peine après son installation à l’Elysée.

Le système français de sécurité sociale est fondé sur l’irresponsabilité généralisée. Certes, depuis 1995, le Parlement vote chaque année une loi de financement, mais celle-ci n’est qu’un vœu pieux, ne disposant d’aucun outil d’intervention. Au demeurant, on ne peut intervenir par la loi dans des mécanismes qui reposent sur des milliards de décisions individuelles ou sur le mouvement de fond des classes d’âge. La Sécurité sociale française est une sorte d’immense coffre-fort ouvert à tous vents et où tout le monde vient se servir. Quand les rayonnages sont vides, le gouvernement s’empresse d’emprunter de l’argent et les regarnit en toute hâte afin d’éviter l’émeute. Comme il fait de même avec les comptes de l’Etat, l’endettement public croît de façon vertigineuse, laissant apercevoir chaque jour un peu plus le spectre de la faillite.

La solution existe, et elle est de simple bon sens. Il faut rendre la protection sociale aux citoyens et ne laisser à la collectivité que la tâche de venir en aide aux plus démunis. Qui plus est, cette nouvelle politique est devenue la loi de notre pays, depuis que les directives européennes de 1992 ont toutes été transposées dans le droit national.
Alors pourquoi cette glissade aux enfers, quand existent les moyens de l’interrompre ? Parce que les politiciens n’osent pas dire la vérité aux Français. De quoi ont-ils peur ? Du syndrome du roi nu. Il est vrai que, privés du droit régalien de semer de l’argent à la volée, ils apparaîtraient moins glorieux aux yeux du bon peuple. Mais un peu de gloire en moins vaut mieux que la honte qui s’attache aux faillis et que les sanctions inévitables qui les attendent.

Face aux 12 milliards d’euros de déficit de la Sécurité sociale, le gouvernement n’a en mains qu’un plan d’économies de 1,2 milliard. Le dixième seulement des besoins ! C’est dire qu’on est passé soudain d’une paisible croisière sur un lac à une tempête en pleine mer. A ceci près que le lac en question n’était qu’un effet d’optique, qu’on naviguait depuis longtemps dans l’océan et que les énormes nuages qui s’accumulaient à l’horizon n’étaient pas le décor en trompe l’œil des dîners du commandant.

Tout indique que le nouveau pouvoir va maintenir, à coup d’artifices et de petits moyens, le cap fatal. Tout simplement parce que ceux qui le dirigent n’ont jamais su faire autrement. Alors que va-t-il se passer ? Elémentaire, mon cher Watson, un nouveau pouvoir les chassera avant longtemps. Tant il est vrai que les hommes, quand ils deviennent lucides, sont à juste titre sans indulgence envers ceux qui les ont trompés.

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.

 

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