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28/5/16 Olivier Pichon
     
           Plafonner le salaire des grands patrons :
                            une mauvaise idée !

Le quotidien Libération n’est jamais en panne de fausses bonnes idées. Sa cléricature bobolchevique flatte l’instinct égalitaire des Français, ces derniers ayant la passion de l’égalité, et l’on peut craindre même que ce soit celle de l’envie. Mais cette passion, ils l’assouvissent au prix du sacrifice de la liberté, deuxième terme de l’oxymore républicain ! Je vais sans doute scandaliser certains lecteurs, mais je ne suis pas plus favorable à ce plafonnement (pas plus de 100 SMIC soit 1,75 million d’euros) qu’au contrôle des paradis fiscaux.

Le moteur social de l’envie profite à l’oligarchie politique

Bien sûr, on pourra trouver excessive la rémunération d’un patron en ce qu’elle représente des centaines de SMIC et de bas salaires, mais restituées au CA de l’entreprise, ces sommes n’auraient aucun effet sur la bonne marche de l’entreprise, pas plus qu’elles ne bénéficieraient aux 87,2 millions de pauvres européens (chiffres OIT).

En revanche, des rémunérations plafonnées provoquent de la pénurie de dirigeants qui, dans une économie mondialisée, auront tôt fait de partir sous d’autres cieux plus rémunérateurs. D’autant qu’une concurrence bien pensée pourrait tendre à freiner leur rémunération, alors que des mesures de contraintes créent des effets de rente. Ainsi aurions-nous payé leurs études, Polytechnique, l’ENA, même HEC, largement perfusée par les chambres de commerce et les centimes additionnels parafiscaux, pour les voir partir.

Aussi bien la compétence et la responsabilité de ces hommes sont considérables, des milliers de rémunérations et d’emplois dépendent d’eux. Une responsabilité bien supérieure à celle d’un brailleur de micro payé 150 000 euros pour venir déverser sa haine à Verdun, ou quelque frappeur de ballon importé à grands frais pour capter l’attention des foules.

Personne ne se scandalise de rémunérations qui ne sont pas à la hauteur des compétences et de l’utilité sociale, les politiciens les premiers, qui proclament tous, sans aucune exception, qu’ils aiment le foot, mais seront les premiers à critiquer les salaires des patrons. Et pendant ce temps-là, nos donneurs de leçons sont exemptés de toute réflexion sur leurs propres rémunérations.

Hypocrisie de la classe politique

Posons une équation simple. Soit x le capital pouvant engendrer une rémunération, soit 2 % le rendement moyen de tout investissement et principalement l’investissement productif dont on sait que le retour est alourdi par le risque et des charges considérables. Soient maintenant les retraites des anciens présidents de la République (1,5 à 2,5 millions d’euros), la retraite future du locataire de l’Élysée (on la lui souhaite néanmoins le plus tôt possible), les retraites du président de l’Assemblée nationale, nommé préfet hors cadre en plus, celle des députés des sénateurs, cela nous donne : 2 % de x = R.

Vous découvrirez avec stupéfaction l’ampleur du capital requis et ce que vous, contribuables, donnez à cette fine équipe de prébendiers. Un revenu des hommes de l’État exclusivement constitué d’argent public ! Où est la morale ? Qui donne des leçons ? Là est l’hypocrisie. Je n’écouterai quant à moi le discours des politiciens sur les rémunérations des grands patrons que lorsque les politiques se seront résolus à diminuer leurs scandaleuses rémunérations, trop payés qu’ils sont, trop longtemps, trop nombreux.

Pourquoi le service de l’État enrichirait-il les hommes de l’État ? Qu’il ne les appauvrisse pas, certes, mais en France on croit encore que la richesse vient de lui, c’est un archaïsme hérité de l’Ancien Régime et très en vogue en Afrique et dans les pays en développement. Qui s’interroge sur les largesses dont bénéficie Mlle Julie Gayet sur fonds publics ? Mais l’on fait grand cas, dans nos manuels scolaires, des favorites de nos rois. Le petit patron, l’artisan, l’agriculteur, chez qui débarquent les huissiers, ne pourraient-ils pas les renvoyer à Mme Trierweiler pour lui réclamer ce qu’elle a coûté aux contribuables, payable sur les droits d’auteur de « Merci pour ce moment » ?

La lutte contre les paradis fiscaux : un pas vers la gouvernance mondiale

J’en conviens là aussi et, comme pour les patrons, je n’écris pas cela pour les défendre, mais parce que Timeo Danaos… Je me méfie des cadeaux que les moralistes politiques ou journalistes de tout poil prétendent faire au bon peuple pour l’amuser. Se soustraire au fisc est condamnable, mais ni plus ni moins immoral que le fiscalisme confiscatoire. L’affaire des Panama Papers a d’ailleurs révélé qui était derrière l’opération : George Soros, un modèle de loup carnassier de la finance, sauf qu’il montre patte blanche en se faisant l’agent actif du « grand remplacement européen ». À ce prix, je préfère la liberté, car chacun sait que s’il existe des paradis fiscaux, c’est parce qu’il existe des enfers fiscaux. Sous couvert de morale, le mondialisme avance masqué.

On aura compris que l’auteur de ces lignes n’a pas un kopek dans un paradis fiscal et qu’il n’a pas non plus les revenus d’un capitaine d’industrie. En revanche, il souhaite que ses lecteurs, une fois encore, ne fassent pas comme les Français, qu’ils préfèrent la liberté à l’égalité.

Olivier Pichon



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