En France, la banane est hypocrite
Chers amis de la révolution bleue,
Vous êtes devant un monument de style néo-classique avec une tendance
stalinoïde typique de l’architecture de l’après-guerre. Rien en cela des
palais baroques de l’Amérique latine qui abritaient les dirigeants des
républiques bananières. Et pourtant à l’intérieur, c’est totalement bananier
! Pire encore, si je puis dire, les républiques bananières disparaissent les
unes après les autres en Amérique latine, mais pas chez les latins d’Europe
que nous sommes. La France, en effet, cultive avec art sa tendance bananière
façon Lézard Premier, roi de Chiraquie.
Car il y a bien un lézard. La France se targue en effet d’être le pays
des droits de l’homme, d’avoir donné au monde, forcément ébloui, les
lumières, la république et la démocratie. Mais elle se permet de donner des
leçons au monde entier. Lequel y trouve, soit une occasion de dérision, soit
un moyen de nous affaiblir. Mais quels sont donc alors les caractères d’une
république bananière ?
1) La presse tout d’abord, muselée monopolisée, perfusée d’argent public. Au
Nicaragua, le caricatural Somoza possédait tous les journaux nationaux. Mais
regardons la France :
- L’Huma est en faillite ;
- Libération libéré de July ;
- France soir en soins palliatifs ;
- Et à y regarder de prés, le nombre de ceux qui contrôlent ces journaux se
compte sur les doigts d’une main : un quasi-monopole, un oligopole à tout le
moins.
- Mais au moins en Amérique latine les présidents bananiers ne venaient pas
ennuyer le peuple avec des discours sur le pluralisme. En France, la banane
est hypocrite !
2) La représentation nationale. Nul n’ignore qu’à l’étranger c’est un
objet d’étonnement lorsqu’on parle d’un candidat à la présidence de la
république, et quel que soit ce que l’on pense dudit candidat, arrivé au
second tour mais ne disposant d’aucune représentation parlementaire ! Quoi
de plus bananier que cela !
3) Troisième caractère, plus connu : la corruption et le népotisme.
Est-il utile de développer ?
Précisément le Conseil économique et social sert à caser les copains. Tel
activiste que vous voyez dans la rue pour une manif de gauche, le voilà,
passée la crise, planqué au Conseil économique et social : on paraît
contester la société pour mieux profiter de ses prébendes.
Ainsi, de la république bananière à la dictature du même nom, il n’y a qu’un
pas, la nôtre n’en est pas loin. Mais, comme pour l’esclavage moderne que
nous évoquions au Panthéon, cette dictature est subreptice, hypocrite et
dissimulée. Considérez les trois pouvoirs chers à Montesquieu :
L’exécutif : il n’y a plus de pilote dans l’avion.
Le législatif se défile sur le prix du gaz, lequel est de toute façon fixé
par les marchés internationaux, mais est-ce bien dans la compétence d’un
parlement ?
Le judiciaire sombre dans les affaires, dont Outreau n’est que la partie la
plus évidente.
C’est donc que le pouvoir est ailleurs. En Amérique latine, la dictature
bananière est caricaturale mais visible. Chez nous elle est invisible :
« Au-dessus d’eux, disait déjà Tocqueville, s’élève un pouvoir immense et
tutélaire. Que ne peut-il leurs ôter le souci de vivre et la peine de
penser. » Ce pouvoir invisible, c’est la caste des hauts fonctionnaires et
des journalistes stipendiés, les lobby syndicaux ultra minoritaires, les
privilégiés de la fonction publique, le pouvoir des eurocrates qui ont
repris les pourparlers avec la Turquie en contradiction avec l’aspiration
des peuples européens.
Ils ont la réalité du pouvoir sans la responsabilité. Ils ne peuvent être
interpellés par l’opinion sur les désastres économiques et financiers qui
ruinent la propriété privée et détruisent le patrimoine des Français.
Quoi de plus bananier que cette caste ? Depuis plusieurs décennies, nous
voyons passer sur la scène politique, qui le fils, qui la fille, qui le
cousin, qui le gendre, qui le neveu.
Nous sommes dans la situation du règne de Charles VI, qui était fou comme
chacun sait. Tous les historiens s’accordent pour dire que ce fut une
période désastreuse. Le parti Bourguignon, contre le parti Orléans, le parti
des Armagnac, le parti breton ... Bien entendu ceux-là ne défendaient pas
leurs provinces, mais prétendaient défendre la justice et le roi (la res
publica), car les Français ont ceci de plus que leur esprit bananier se veut
intellectuel et qu’il ne manque jamais aux politiciens des arguments pour
défendre de mauvaises causes. Plus que jamais la phrase de Valery se
justifie : « La politique, c’est l’art d’empêcher les gens de s’occuper de
ce qui les regarde. » Nous, à la Révolution Bleue, nous voulons nous mêler
de ce qui nous regarde. Et de la banane au régime, il n’y a qu’un pas. C’est
en effet de régime qu’il faut changer, car l’Etat qui devrait être arbitre
est juge et partie. La conséquence est qu’il n’y a plus de citoyens, il n’y
a que des contribuables et des (mal) assurés sociaux, et, cerise sur le
gâteau, panem et foottballum !
La république bannière prolétarise les hommes libres et la France accumule
les retards.
Le professeur est en retard sur le penseur.
L’école est en retard sur l’atelier.
Le fonctionnaire est en retard sur le créateur d’entreprise.
Ainsi, si les cerveaux partent, ce n’est pas le hasard, la fatalité ou
l’égoïsme des partants, c’est structurel, congénital. Une nation qui fait
fuir ses élites vraies ne mérite pas le respect. La république bananière
préfère importer des allocataires et exporter des prestataires, gage
d’affaiblissement de la France mais moyen de conserver le pouvoir.
Aussi plus que jamais c’est :
Non à la chienlit
Non au trop plein d’impôts et de charges
Non aux politiciens incapables
Vive la révolution bleue ! Vive la France !
Olivier Pichon
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