www.claudereichman.com


Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme

A la une

20/9/07

Claude Reichman

En renonçant à une vraie réforme sociale, Sarkozy condamne la France à la faillite

Il n’y aura pas de réforme du système social français. Et de ce fait la catastrophe qui guette le régime aura bien lieu. Tels sont les enseignements majeurs du discours de M. Sarkozy au Palais du Luxembourg devant les journalistes de l’information sociale.

L’allocution du président de la République avait pourtant commencé par le bon diagnostic : « Le système n’est pas tenable financièrement. » Mais elle s’est poursuivie par l’habituel catalogue de mesures cosmétiques que les gouvernants français appliquent depuis plus de trente ans à ce grand corps malade, aujourd’hui à l’agonie. N’ont pas manqué non plus les appels traditionnels à la responsabilité de tous et les non moins traditionnelles annonces de mesures contraignantes. Il n’était pas difficile de déceler, derrière les propos du chef de l’Etat, la plume des technocrates qui, depuis des décennies, régentent la Sécurité sociale avec les brillants résultats que l’on sait.

On sait pourtant de quels maux souffrent les deux principales branches de la Sécurité sociale, l’assurance maladie et l’assurance vieillesse. L’assurance maladie est en fait un impôt et non une assurance. Ses cotisations sont fixées en fonction du revenu et non du risque. De plus l’assureur est un monopole. Personne - hormis les spécialistes de la question - ne sait ce que son « assurance » lui coûte réellement, et chacun croit avoir un droit de tirage illimité sur les prestations. La solution consiste évidemment à supprimer le monopole (comme les lois françaises issues des directives européennes en font, depuis plusieurs années, obligation), et à ne faire jouer la solidarité qu’en faveur de ceux qui en ont vraiment besoin, non pas en les assistant mais en les aidant financièrement à accéder à l’assurance jusqu’au moment où ils pourront en assumer eux-mêmes la charge. Cette introduction de la concurrence, fera, comme partout ailleurs, baisser le coût de la protection sociale et contraindra le système hospitalier, principal facteur de dépenses, à se réformer, pour le plus grand bien du personnel soignant et des patients.

L’assurance vieillesse est quant à elle condamnée par la démographie. Il n’y a plus actuellement que 1,4 cotisant par retraité et l’on s’achemine inexorablement vers le moment ou un cotisant devra à lui seul faire vivre un retraité, vivre lui-même, et financer les autres régimes sociaux ainsi que l’Etat. Les fameux régimes spéciaux, certes scandaleusement avantageux par rapport aux autres, ne représentent qu’une goutte d’eau (à peine 5% du total) dans un océan de 200 milliards d’euros, et leur alignement – si le gouvernement parvient à le faire – n’apportera aucun soulagement à l’ensemble. A quoi s’ajoutent, là aussi, les dispositions européennes transposées dans le droit national et qui permettent à chacun de cotiser en capitalisation à une assurance privée dans n’importe quel Etat de l’Union. Pendant combien de temps encore les cotisants de l’assurance vieillesse française vont-ils se laisser tondre, alors que toute la laine qu’ils abandonnent ne leur donne même plus l’espoir de toucher une retraite le moment venu ?

Eh oui, Monsieur le Président, vous avez raison, « le système n’est pas tenable financièrement ». Alors vous auriez dû annoncer qu’on allait en changer, en prenant toutes les précautions pour que les plus faibles ne souffrent pas de cette inévitable révolution. Au lieu de cela, vous avez essayé de faire croire que vos mesurettes pouvaient sauver le système. Nous allons donc continuer à alimenter le tonneau des Danaïdes et la France va sombrer économiquement et financièrement. Ni vous, Monsieur le Président, ni le régime n’y résisterez. Voilà ce qu’il en coûte, où que ce soit, de parler de rupture sans la faire.

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue

 

Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme