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12/6/09 Claude Reichman

Vingt ans après, un nouveau mur de Berlin s’effondre : la crise marque la fin du salariat et de la sécurité sociale !

La principale leçon du séisme financier, économique et social qui frappe la planète n’a pas encore été tirée. Elle est pourtant évidente : les évènements actuels marquent la fin du salariat et de la sécurité sociale. Ces deux institutions sont intimement liées et c’est la raison pour laquelle elles vont périr ensemble.

La mondialisation ne va pas disparaître du fait de la crise. Elle apporte beaucoup trop d’avantages à la population mondiale – et notamment aux plus défavorisés, auxquels elle permet de sortir progressivement de la pauvreté – pour que les 200 pays existant se replient sur eux-mêmes. Certains le voudraient-ils, d’ailleurs, que leurs entreprises les déserteraient afin de participer aux échanges internationaux qui seuls leur permettent de vivre et de se développer.

Mais qui dit mondialisation dit concurrence, et qui dit concurrence dit compression des coûts de production. Or ceux-ci sont obérés par les charges salariales et sociales, notamment dans les pays qui, comme la France, ont développé un Etat providence tentaculaire. Nous ne sommes pas les seuls. Même les Etats-Unis, réputés libéraux, ont laissé une protection sociale abusive détruire leur industrie automobile. C’est si vrai que les constructeurs japonais qui s’y sont implantés ne connaissent pas autant de difficultés, parce que leur personnel ne bénéficie pas des mêmes conditions que celui de leurs concurrents locaux.

En Europe, de nombreuses tentatives sont faites pour réduire l’emprise du salariat. Au Portugal, 20 % des salariés sont devenus des travailleurs indépendants, considérés par l’entreprise – dans laquelle ils continuent de pointer – comme des prestataires de service. En Espagne, la banque BBVA propose à ses collaborateurs de prendre un congé pouvant aller jusqu’à cinq ans, pendant lequel ils reçoivent 30 % de leur salaire, l’objectif étant, pour l’entreprise, de se séparer à l’amiable de salariés dont elle espère qu’ils emprunteront une autre voie et ne reviendront pas dans son giron. En France, on vient de permettre le prêt de main d’œuvre entre entreprises et de créer le statut d’auto-entrepreneur, qui permet notamment aux salariés ayant perdu leur emploi de tenter leur chance en qualité d’indépendants.

Bien entendu, ces dispositions relèvent plus du bricolage institutionnel que d’une vraie réforme, mais elles participent du même constat : il n’est plus possible aujourd’hui de maintenir des statuts nés de la première industrialisation et des conflits sociaux du premier tiers du vingtième siècle.

Cette évolution – qui est en fait une authentique révolution - va maintenant s’accélérer et s’amplifier. Les pays qui, comme le nôtre, feront tout pour s’y opposer au nom des sacro-saints « acquis sociaux » connaîtront de terribles soubresauts provoqués par la disparition d’un grand nombre d’entreprises et par le tarissement des ressources de l’Etat et des régimes sociaux, ainsi que par l’appauvrissement dramatique de la population.

Le salariat et la sécurité sociale sont indissociables car la protection sociale est, comme chacun devrait le savoir, un élément du salaire. Son développement a dû beaucoup au fait que les syndicats – à tort ou à raison – ont jugé ce type d’avantage plus facile à obtenir des patrons que des hausses de salaire pures et simples. Si bien que les salariés ont fini par trouver normal de bénéficier d’une ample protection sociale sans comprendre qu’ils la payaient eux-mêmes au prix de la stagnation de leur rémunération. C’est ce que vient d’ailleurs de confirmer, pour la France, le rapport que le directeur général de l’Insee, Jean-Philippe Cotis, vient de remettre au président de la République.

La fin du salariat va bouleverser les rapports sociaux. Devenu indépendant, le salarié devra se comporter en entrepreneur et justifier sa rémunération par la qualité de ses prestations. Comme n’importe quel artisan l’a toujours fait, pour le plus grand bien de la société. Elle va aussi redonner vie à la démocratie. L’indépendance est la condition sine qua non de la citoyenneté. De même que le droit de propriété, qui commence avec celui que chacun doit pouvoir exercer sur sa rémunération, sur laquelle il ne doit accepter d’amputation que pour « la nécessité de la contribution publique » à laquelle il a le droit de « consentir librement », comme le stipule l’article XIV de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen du 26 août 1789.

Il va enfin être constaté, par l’effondrement du système profondément immoral et antidémocratique que constitue le régime de sécurité sociale, avec ses prélèvements autoritaires et abusifs sur l’effort des travailleurs, que loin d’assurer la protection des salariés, il les a condamnés à la stagnation économique et sociale, ainsi que, de plus en plus, au chômage, au nom d’une idéologie qui ne veut pas avouer son nom mais qui n’est autre que le communisme.

Le mur de Berlin est tombé en 1989. Vingt ans plus tard, un autre mur va tomber : celui que les suppôts de Marx ont édifié en Occident ! La liberté finit toujours par triompher, même si le temps paraît souvent bien long à ses défenseurs.

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.

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