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19/2/13 Bernard Martoïa
            L’Allemagne se prépare à larguer une
                              France en panne !

A l’instar du livre au titre ironique « Im Westen nichts Neues » (« A l’Ouest, rien de nouveau »), alors que se déroulait une boucherie dans les troupes allemandes tentant une percée décisive à l’Ouest avant l’arrivée du contingent américain sur le sol français en 1917, nos entreprises disparaissent les unes après les autres sous l’effet du rouleau-compresseur de la mondialisation.

Sous la plume remarquable d’Erich Maria Remarque (1898-1970), Paul Bäumer est un simple soldat de l’armée impériale allemande qui se bat comme un lion avec ses camarades malgré le déluge de feu de l’armée française qui a reçu le renfort providentiel des premières divisions américaines, non aguerries mais très bien équipées en matériel et en vêtements.

La situation désespérée de Bäumer et de ses camarades, qui n’ont pratiquement que leur courage à opposer au rouleau-compresseur des Alliés pendant la Première Guerre mondiale, me fait penser à celle de nos chefs d’entreprise embourbés dans la compétition mondiale.

La France a conforté sa première place d’enfer fiscal de la planète. Il est regrettable que le magazine américain Forbes ne publie plus depuis 2009 le palmarès des enfers fiscaux. Sans surprise, il n’est question chez nous que de lutte contre les paradis fiscaux, alors que notre pays a basculé dans le communisme à la libération, en 1945, avec la création de la sécurité sociale et du système de retraite par répartition.

Au risque de me répéter, j’affirme que la France n’a toujours pas compris l’importance de la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989. Cet événement historique pour nos amis d’Europe de l’Est, que nous avions lâchement abandonnés à leur sort tragique lors de la mise en place du rideau de fer, l’était aussi pour le reste du monde. L’implosion du bloc communiste ne signifiait pas seulement, comme l’ont interprétée nos élites, le retour de la démocratie mais la fin de l’économie planifiée.

Toute acquise à sa présidence tournante de l’Union européenne, la France craignait la renaissance d’une puissante Mitteleuropa sous l’égide de l’Allemagne réunifiée. François Mitterrand ne put empêcher la réunification allemande mais il tenta de la phagocyter avec la création du marché unique et de la monnaie unique. De cette décision découle la libéralisation de la protection sociale, qui n’a toujours pas été reconnue dans les faits, sinon dans les lois, en France. Quant à la monnaie unique, la France s’est tiré une balle dans le pied en croyant pouvoir circonvenir les suspicieux Allemands, qui n’ont jamais oublié l’hyperinflation de 1922 provoquée par la dette à rembourser aux Alliés. « L’Allemagne paiera ! » déclara Georges Clémenceau.

Sur ce point, il faut rendre hommage à John Maynard Keynes qui faisait partie de la délégation britannique aux négociations de paix à Versailles en 1919. Il avait rapidement compris que l’Allemagne ne pourrait pas rembourser l’énorme somme réclamée par le Tigre. Pour le reste, sa fumeuse théorie du multiplicateur par l’emprunt public, vous savez depuis longtemps ce que votre serviteur en pense. Dans l’épais brouillard français, une bonne nouvelle nous est venue d’Outre-Rhin par la voie du journal économique Handelsblatt, qui démolit la théorie de Keynes, toujours en vogue dans notre Ecole nationale d’administration (ENA) où est formatée l’élite qui détient toutes les commandes de l’économie française.

Dans une France schizophrène, les mauvaises nouvelles sont soigneusement occultées par les médias pour ne pas troubler le sommeil des braves gens. L’abandon de la ligne Maginot de 3% du déficit budgétaire n’a suscité aucun remous. On entretient l’illusion que le retour à l’équilibre budgétaire se fera néanmoins en 2017, à la fin du quinquennat. Comment ? Avec le matraquage fiscal qui se poursuit afin de combler les fuites nombreuses dans la cale du Titanic ? Comme votre serviteur l’a écrit en début d’année, la France ne retrouvera le chemin de la prospérité qu’à travers un abaissement concomitant des dépenses publiques et des taxes.

Le temps nous est compté. Le dernier livre de Michel Rocard s’intitule « La gauche n’a plus droit à l’erreur ». Hormis un titre choc, le créateur de la contribution sociale généralisée (CSG) n’apporte pas grand-chose au débat économique. Il voudrait imposer un traité social européen dont ne veulent pas nos partenaires. Le Wall Street Journal, toujours bien informé, pense que l’Allemagne, dont l’économie se ramifie de plus en plus vers le reste du monde, n’aura bientôt plus besoin de son encombrante voisine toujours attachée à ses lubies socialistes. Comme la belle Hélène, la France vit dans l’illusion que l’Allemagne ne peut se passer d’elle. On a le droit de rêver !

Bernard Martoïa


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