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26/11/13 Bernard Martoïa
      L’instabilité fiscale tue l’économie française !

Face à la fronde fiscale qui s’étend en France, le Premier ministre a proposé un « big bang »visant à remettre à plat notre fiscalité.

Rares sont les politiciens qui ne se contredisent pas, le Premier ministre en tête, puisqu’il déclara, le 12 juin 2012, sur la chaîne de télévision BFM, qu’il n’y aurait pas de « big bang fiscal », et il ajouta : « Ce que nous allons faire, c’est la progressivité de l’impôt. » C’est exactement ce que son gouvernement a fait en créant la tranche d’impôt sur le revenu à 75% pour les revenus de plus d’un million d’euros par an, avec les conséquences négatives et prévisibles que votre serviteur a mentionnées en début d’année.

Plus sérieux que cette volte-face qui n’engage que ceux qui croient encore à la parole d’un élu de la nation, est le sondage publié par le site du Point. «La remise à plat du système fiscal doit-elle surtout servir à ?» Les journalistes ont offert aux internautes de voter pour l’une des quatre réponses proposées.

Voici le résultat de ce sondage :

1° Le simplifier, plus personne n’y comprend rien : 32,8%
2° Fusionner la CSG et l’impôt sur le revenu pour augmenter leur progressivité : 16,7%
3° Faire baisser les impôts : 38,6%
4° Augmenter la compétitivité des entreprises : 11,9%

Quelle leçon en tirer ?

Une note d’espoir, car la majorité des votants veulent voir baisser les impôts, ce qui signifie réduire les dépenses publiques (du jamais vu sous la Ve République !), simplifier la fiscalité (flat tax sous-jacente, avec élimination de toutes les niches fiscales, ce que nous proposons depuis des lustres) et augmenter la compétitivité des entreprises (les Français commencent à réaliser que la richesse d’une nation provient des entreprises et non pas de l’embauche de fonctionnaires)

En revanche, on devine la grande inquiétude de certains Français dans la deuxième question relative à la fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu pour augmenter leur progressivité. Cette question, qui figurait dans le programme du candidat Hollande, masque le désarroi de la classe politique française à l’idée de la fin du monopole de la sécurité sociale qu’elle ne veut toujours pas reconnaître officiellement.

Saluons à cet égard le courage du député Paul Salen, qui a souligné la portée de l’arrêt du 3 octobre 2013 de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) qui va libérer le peuple français asservi par l’idéologie communiste depuis 1945. Ce député a eu l’audace de poser, le 12 novembre 2013, à la ministre des affaires sociales et de la santé une question écrite dont la conclusion est fort logique :

«Dans le cadre de la fin du monopole de la sécurité sociale, ne faut-il pas craindre que l’ensemble de ces mesures, loin de constituer une solution, ne conduisent les Français à préférer des systèmes alternatifs pour la prise en charge de leurs soins ? Aussi il lui demande quelles sont les perspectives qui s’ouvrent, à la France, suite à l’arrêt de la CJUE du 3 octobre 2013. »

La perspective de la disparition de facto et non plus seulement de jure du monopole (entre 30 et 40 000 Français par mois entreprennent les démarches nécessaires pour quitter la Sécurité sociale depuis l’arrêt de la CJUE, selon le MLPS) est sérieusement envisagée par le gouvernement à travers l’idée de fusionner la CSG et l’impôt sur le revenu en augmentant encore la progressivité de l’impôt. Pourquoi pas un taux de 110% pour faire plaisir à la base socialiste ? Ce n’est malheureusement pas une vue de l’esprit car des professions libérales ou des entrepreneurs sont de nos jours victimes d’incroyables abus fiscaux.

Lors de la campagne présidentielle américaine de 1964, placée sous le signe du Welfare State (1) du président sortant Lyndon Johnson, le candidat conservateur Barry Goldwater (1909-1998) dit aux électeurs : «Méfiez-vous d’un Etat qui peut tout vous
donner, car un jour il vous reprendra tout votre argent
.» Nous y sommes !

Une cinquième question n’est pas posée par le sondage du Point : l’instabilité fiscale chronique dont souffre particulièrement notre nation. L’économiste et historien Robert Higgs a donné une explication cohérente à la Grande Dépression américaine qui a commencé, le 24 octobre 1929, avec le krach de Wall Street, et s’est terminée le 7 décembre 1941 avec l’attaque japonaise par surprise de la base aéronavale de Pearl Harbor. Pour Higgins, ce n’est pas tant le manque de réceptivité de l’administration américaine à la théorie macro-économique de John Maynard Keynes en faveur d’un plan de relance massif de l’économie par une augmentation considérable du déficit budgétaire, vantée de nos jours par son chantre Paul Krugman, mais le régime d’incertitude que fit planer le président Franklin Delano Roosevelt sur l’économie américaine.

Contrairement à Thatcher ou à Reagan, Roosevelt n’avait aucune connaissance économique. C’était un pur politique. Il se fiait davantage à son intuition qu’aux experts. Il accouchait d’une idée presque tous les jours. Plus le chômage augmentait, plus il inventait des mesures étatistes pour le juguler, comme les grands travaux publics ou les aides à l’agriculture. Plus les Américains s’enfonçaient dans la dépression, plus il se sentait obligé de faire n’importe quoi pour leur venir en aide.

Ce cercle vicieux est le lot du locataire de l’Elysée et de son prédécesseur depuis un certain 15 septembre 2008, avec la faillite de la banque d’affaires Lehman Brothers. Plus il y a d’entreprises françaises qui font faillite, plus le gouvernement se sent obligé d’intervenir. Il est dans un rôle permanent et ambigu de pompier pyromane.

A travers ce sondage, une majorité de Français commencent à réaliser que la cause première de la fermeture des entreprises en France n’est pas tant la faute de la mondialisation que celle du gouvernement, qui a instauré un régime d’incertitude pénalisant l’épargne et l’investissement à travers une fiscalité erratique et confiscatoire.

Au big bang fiscal du Premier ministre, Albert Einstein aurait certainement appliqué sa célèbre maxime : «On ne règle pas les problèmes avec ceux qui les ont créés. »

Bernard Martoïa

(1) Le Welfare State est l’Etat providence, qui prend en charge les individus du berceau au cercueil.


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