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15/5/17 Claude Reichman
     
                             Le peuple absent !

Il n’y avait personne sur les Champs-Elysées pour voir passer Emmanuel Macron en route vers l’Arc de triomphe. Seule une petite escouade de supporters dûment convoqués l’y attendait, à qui il réserva un bain de foule plein de spontanéité et de fraîcheur.

En revanche la salle des fêtes de l’Elysée le matin, et celle de la mairie de Paris l’après-midi étaient bondées d’officiels.

Telle est l’image de la France de Macron : une France sans le peuple.

On a déjà connu cela dans l’histoire, avec les fameux villages Potemkine et autres démonstrations de joie spontanée de peuples maltraités. On connaît même cela en France depuis 1992, quand Edith Cresson, premier ministre de François Mitterrand, dut prendre la fuite à travers champs pour échapper à la colère de manifestants. Depuis, aucun président, aucun ministre n’a pu affronter une foule libre. Toute sortie officielle est montée comme une scène de cinéma, les participants n’étant que des figurants amenés là par la production.

Par bonheur pour les politiciens, les médias ne sont pas libres, et aucun d’entre eux n’aura le mauvais goût de signaler l’absence du peuple à ces cérémonies.

Pendant la journée inaugurale du mandat d’Emmanuel Macron, les commentateurs de la télévision se sont pâmés d’enthousiasme, certains n’hésitant pas à parler de la foule présente tandis que les caméras montraient des rues désertes ! Il faut dire que le malheureux qui se serait risqué à dire qu’il n’y avait personne se serait immédiatement vu couper l’antenne, avant d’être sommé de venir d’urgence chercher son baluchon.

Mais pourquoi donc les Français ne sont-ils pas venus acclamer le jeune président qu’ils se sont donné ? Pour une bien simple raison : ils ont le sentiment qu’on leur a volé cette élection.

Un coup tordu monté par Hollande et ses sbires a éliminé l’imprudent candidat de la droite, qui s’imaginait sans doute que la gestion familiale de son statut de parlementaire avait échappé aux espions de Bercy, tandis qu’une campagne effrénée des médias du système faisait de Macron le messie qui allait réenchanter la politique et la faire aimer du peuple. Résultat de cette indigne manipulation : la droite qui devait remporter sans coup férir cette élection l’a perdue au profit de quelqu’un qui ne devait en aucun cas la gagner !

Emmanuel Macron est un président illégitime, et cela va peser sur la France tant qu’il le sera. C’est une situation éminemment dangereuse, surtout dans un pays où les deux tiers des électeurs inscrits ne se reconnaissent plus dans la République. D’autant qu’avec une inconscience de ci-devant, Macron s’est constitué une garde rapprochée faite d’énarques, catégorie honnie par le peuple pour avoir échoué en tout et sur tout depuis que l’énarque étalon, Giscard, a pris les commandes de l’Etat.

Que va faire ce président indûment élu ? Ce que Giscard a fait. Un coup de peinture sur les fêlures de l’Etat, et des mesures qui consisteront à prélever sur les catégories aisées de la population de quoi adoucir un peu le sort des pauvres et des mal payés, bref pas de quoi redresser l’économie du pays.

C’est un véritable drame que vit la France. Le peuple voulait un authentique renouveau, il hérite d’une sorte de confiture de vieux garçon, douce au palais les soirs de brume mais terriblement fade quand on a besoin d’un coup pour la route.

Les chancelleries s’enthousiasment pour le choix de la France. Elles vont rapidement déchanter. Pour faire accepter au peuple les sacrifices qu’exige la situation délabrée du pays, il faut un président qu’il estime, même si ses décisions lui sont dures. Quand on a volé son élection, on n’a pas l’autorité morale sans laquelle aucun pouvoir ne dure.

Que les Français, au moment de voter, ne se sont-ils souvenus de Montaigne ? « Le bien ne succède pas nécessairement au mal ; un autre mal peut lui succéder, en pire. » Il est vrai qu’aucune marque de lessive ne supplante les autres si elle n’orne son paquet de l’adjectif « nouveau » !

Claude Reichman


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