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18/4/09 Claude Reichman

La Sécurité sociale tue la France, il faut en finir avec son monopole !

Il aura fallu que les salariés et le patron de l’entreprise HBT, une PME du bâtiment de 29 personnes, fassent une grève de la faim de plusieurs jours et menacent de s’enchaîner aux grilles de l’URSSAF de Roubaix-Tourcoing pour que les pouvoirs publics prennent en compte leur situation et finissent par lui accorder l’effacement de sa dette envers l’URSSAF. A défaut, l’entreprise était acculée au dépôt de bilan et ses salariés voués au chômage.

Cette mesure de sauvegarde intervient dans le cadre d’un dispositif mis en place par les pouvoirs publics et piloté par le préfet et le trésorier payeur général. Il s’agit évidemment de mesures répondant à la grave crise financière, économique et sociale qui frappe la France comme tous les pays du monde, mais il est évident qu’elles ne pourront en aucune manière répondre au dramatique problème qui accable notre pays : le coût de sa protection sociale.

Le Mouvement pour la liberté de la protection sociale (MLPS) a apporté son soutien à l’entreprise HBT et j’ai personnellement participé, en compagnie de ses représentants, à la négociation d’un plan de sauvegarde avec les services de la trésorerie générale. Au cours de cette réunion, Hantz Malfoy, le patron de cette PME, s’est écrié : « Je verse à chaque fin de mois 29 salaires, qui font vivre 29 familles, et on me dit que mon entreprise n’est pas viable ! Que préfère-t-on en France : une entreprise qui donne du travail ou une entreprise rayée de la carte ? » C’est évidemment une bonne question, et c’est même toute la question.

Du point de vue officiel, une entreprise n’est viable que si elle alimente les régimes sociaux. Il y a en France 2,6 millions d’entreprises. 2,5 millions d’entre elles ont entre 0 et 19 salariés. 80 000 ont entre 20 et 250 salariés. Et seules 5000 ont plus de 250 salariés. Les 2 580 000 entreprises de moins de 250 salariés représentent 64 % de l’emploi total en France. Or la plupart d’entre elles connaissent de graves difficultés, voire sont à l’agonie. Les pouvoirs publics vont-ils devoir embaucher plusieurs centaines de milliers de fonctionnaires pour élaborer avec chacune de ces entreprises un plan de sauvegarde, ou vont-ils enfin se résoudre à en finir avec le monopole de la sécurité sociale qui est la cause principale de l’hécatombe de nos entreprises et du mal français ?

Notre pays est pris en otage par un système collectiviste né sous l’égide d’un parti communiste qui représentait à l’époque près de 30 % des électeurs, alors que le monde était dominé par l’affrontement entre les Etats-Unis et l’Union soviétique. Aujourd’hui, le parti communiste a pratiquement disparu en France, l’Union soviétique s’est effondrée, mais la France est restée « aux ordres d’un cadavre », comme l’a écrit Maurice Druon, qui vient de mourir sans avoir vu son pays se débarrasser enfin de ses liens de mort.

Ce ne sont pas des penseurs ultra-libéraux qui ont conçu les directives européennes supprimant le monopole de la sécurité sociale, mais des sociaux-démocrates conscients du fait que le maintien d’un tel monopole rendrait impossible l’abrogation des frontières intérieures de l’Europe et la liberté d’installation dans chaque pays membre qui en était la conséquence. La France a intégralement transposé ces directives dans son droit national mais, depuis 15 ans, refuse d’appliquer ses propres lois. Le résultat en a été une perte de compétitivité dramatique de notre pays et le massacre de ses entreprises, étranglées et vidées de leur sang par les charges sociales. Et tout cela pour maintenir en vie artificielle un système social qui distribue chaque année 560 milliards d’euros et a accumulé une dette de plus de 100 milliards d’euros à ce jour, dette qui, au rythme actuel, va doubler d’ici à 2012 !

Il faut d’urgence permettre à toutes les entreprise de choisir la protection sociale compatible avec leur maintien en vie, comme le permettent les lois - non appliquées - de la République. C’est le message que je suis allé délivrer dans le département du Nord, au soutien de l’entreprise HBT et à celui de toutes celles qui, en France, connaissent à peu de choses près les mêmes difficultés. Il appartient désormais à M. Sarkozy de prendre la décision qui s’impose, et de la prendre d’urgence. Quand des salariés et leur patron en sont réduits à la grève de la faim et à menacer de s’enchaîner aux grilles de l’URSSAF, cela signifie que l’explosion sociale est imminente et qu’elle sera d’une extrême violence. Elle a d’ailleurs commencé. Qu’on se réfère aux prises d’otages de patrons et de cadres et au blocage de nombreuses entreprises par des salariés indignés par des plans sociaux que rien ne semble pouvoir arrêter.

Rien sauf l’abandon immédiat d’un système social dont la France ne peut plus s’offrir le luxe. Il n’y pas d’exemple dans l’histoire de faillites étatiques qui ne se soient pas terminées par une révolution. Celle qui vient n’aura hélas rien de pacifique !

Claude Reichman
Président du Mouvement pour la liberté de la protection sociale (MLPS) et porte-parole de la Révolution bleue.

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