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30/4//10 Claude Reichman

La Sécurité sociale a tué la France et l’Europe !

Pour se redonner un avenir, l’Europe doit renoncer aux Etats providence qu’elle s’est donnés. Si elle ne le fait pas, elle est condamnée à la stagnation, c’est-à-dire à un déclassement fatal dans la compétition mondiale.

La France est concernée au premier chef par ce choix. Les transferts sociaux y sont plus importants que partout ailleurs et représentent 65 % des dépenses publiques. La Sécurité sociale et ses appendices ont tué l’activité dans notre pays. Il y existe trois millions d’entreprises, très petites pour la plupart. Si chacune d’entre elles engageait ne fût-ce qu’un salarié, le problème du chômage serait en grande partie résolu. Elles ne le font pas en raison du coût global d’une embauche et du parcours du combattant que représente tout licenciement.

Alors que commence le débat sur les retraites, les défenseurs du système actuel défendent la thèse selon laquelle ce ne sont pas les dépenses sociales qui sont responsables de ses déficits abyssaux, mais le chômage qui en ampute les recettes. En réalité, c’est l’excès de dépenses sociales qui alourdit le coût du travail et qui crée le chômage.

Le pouvoir politique est paralysé par le tabou qui entoure le régime de sécurité sociale. Il n’y a pas d’autre exemple d’une société moderne inhibée à ce point. On peut débattre dans notre pays d’insémination post mortem ou réaliser des greffes de visage, mais il est interdit d’évoquer la possibilité d’assurer la protection sociale des Français par d’autres moyens que ceux qui la régissent actuellement.

L’interdit va si loin que les partisans d’un système différent sont systématiquement écartés des studios de radio et des plateaux de télévision. Sont-ils donc si dangereux ? Il faut le croire, car ce qu’ils proposent constitue un changement de société. Rendre les Français responsables personnellement de leur protection sociale signifierait la fin du collectivisme instauré à la Libération et qui a baigné la société jusqu’à imprégner la mentalité des plus hostiles : "Quand on ne vit pas comme on pense, on finit par penser comme on vit"!

Ce que le fonctionnement anormal de la démocratie interdit, la crise va le permettre. Une croissance atone ne permet pas de financer le système actuel de protection sociale. Celui-ci ne survit d’ailleurs depuis de longues années qu’au moyen de transfusions financières massives obtenues par endettement. Ce type de médecine est aujourd’hui impossible dans un pays que la crise a placé, comme tous les autres, sous la surveillance des agences de notation.

La seule attitude raisonnable pour les politiciens français consisterait à dire la vérité au pays. On conçoit qu’après tant de mensonges, l’aveu leur soit pénible. Mais vaut-il mieux pour eux risquer d’être emportés par l’émeute ? Celle-ci se produira d’autant plus sûrement que l’effondrement des protections dont les Français croyaient pouvoir bénéficier pour l’éternité provoquera leur incompréhension et leur fureur.

Depuis le 1er juillet1994, deux directives européennes, complètement transposées dans les lois françaises, permettent de s’assurer librement pour tous les risques sociaux. Les gouvernements successifs ont tous voté les textes permettant leur application, mais se sont opposés à ce qu’ils prennent effet. Ce faisant, ils ont non seulement massacré les chances de notre pays, mais aussi créé un blocage qui a paralysé cette réforme en Europe. On peut affirmer sans risque de se tromper que c’est ce qui fait aujourd’hui s’effondrer cette dernière. Les pays d’Amérique et d’Asie font preuve de résilience face à la crise mondiale parce qu’ils ne sont pas empêtrés dans des systèmes sociaux prohibitifs.

L’histoire jugera avec une extrême sévérité les politiciens français des quinze dernières années. Ils avaient entre leurs mains les outils permettant de tirer notre pays – et l’ensemble des Etats membres de l’Union européenne avec lui – de l’ornière collectiviste et de le préparer à tenir sa place dans le nouveau cours du monde. Mais en bons disciples de Keynes, ils se disaient qu’« à long terme, nous serons tous morts ». Pour eux, c’est fait. Qui va se dévouer pour aller le leur dire ?

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.

 

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