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25/3/06

La révolte d'une jeunesse privée d'avenir va emporter le régime

" La guerre, toutes les guerres, sont ce que j'appelle à présent " les meurtres des fils ". Les deux guerres mondiales, ce sont des vieillards, à Berlin et à Paris, qui s'entendent pour qu'on massacre leurs propres fils. A chaque fois, c'est pareil, nos sociétés ont toujours massacré leurs enfants. Chaque génération recommence. Pour la première fois dans l'histoire, depuis soixante ans, nous n'avons pas connu de guerre. Mais les pères d'aujourd'hui ont inventé autre chose pour " tuer leurs fils ", cela s'appelle le chômage et la précarité. " C'est le grand philosophe Michel Serres qui s'exprime ainsi dans une interview au Parisien. Il a entièrement raison. Au-delà des apparences, la crise du CPE n'est que ceci : l'ultime raidissement d'une société qui, pour ne pas réformer un système de protection sociale insupportable dans une économie mondialisée, tente d'insérer la jeunesse dans le monde du travail par des mesures de flexibilité qui ne visent qu'elle. Où sont, en échange, les mesures de flexibilité qui viseraient les retraites et l'assurance maladie, lesquelles bénéficient essentiellement, par définition, à la génération des pères ? Il n'y en a aucune. Nous sommes bien dans le scénario du sacrifice des enfants. Et c'est ce qui fait de la crise du CPE un drame majeur dont la société française ne peut sortir que bouleversée.

Il se trouve toujours, dans l'histoire, un Villepin pour prendre, au moment où une crise approche de son acmé, la mesure imbécile parce qu'emblématique qui met le feu aux poudres. Villepin à le physique et le psychisme de l'emploi. Ce grand flandrin emphatique, exalté et narcissique se voit en sauveur de la patrie à la tête des armées impériales. Il n'est qu'un artificier irresponsable à la tête d'une cohorte d'énarques privés de sens commun. La salve glorieuse qu'ils croyaient tirer est en train d'incendier tout le pays.

Rappelons que ce que nous écrivions dans notre communiqué du 6 novembre 2005, en pleine crise des banlieues :

" L'explosion des banlieues est essentiellement une crise de l'emploi.
Au-delà de l'indispensable rétablissement de l'ordre, le gouvernement doit prendre les mesures propres à redonner à la population du pays le pouvoir d'achat et la capacité d'investissement qui conditionnent la croissance et la création d'emplois.
Face à la concurrence mondiale, le gouvernement n'a pas d'autre choix que de jouer sur les mesures nationales. La seule qui soit de nature à répondre aux objectifs de croissance est la mise en œuvre immédiate de la liberté de la protection sociale. Celle-ci est d'ailleurs la loi du pays depuis l'abrogation du monopole de la sécurité sociale par les directives européennes. Ces dernières ont été complètement transposées dans le droit français et sont applicables immédiatement.
La liberté de la protection sociale va permettre, en ne considérant que la seule couverture maladie, une augmentation des salaires de 15 à 20 %, et cela de manière parfaitement saine par simple déplacement de richesse de l'administration sociale en direction des particuliers. En matière de retraite, elle va permettre de faire face à la faillite du système de répartition qui ruine aussi bien les allocataires, dont les pensions vont fondre désormais très vite, que les cotisants, qui paient actuellement pour des retraites qu'ils ne toucheront jamais.
Le gouvernement n'a plus le choix. S'il ne redonne pas de l'air à l'économie française, on va assister à un embrasement généralisé de la France, dont l'explosion des banlieues n'aura été que le signe précurseur.
Le silence persistant des politiciens sur la liberté de la protection sociale, qui est inscrite dans les lois de la République, et leur refus de la mettre en œuvre seraient une trahison des intérêts nationaux et le signe que l'esprit de caste et le souci de leurs avantages personnels l'a définitivement emporté chez eux sur le sens des responsabilités et le dévouement au bien commun. "

Il n' y a hélas pas un mot à retirer à ce texte, signe que le pouvoir n'a rien compris et rien fait et qu'il est désormais à la merci de l'émeute. Celle-ci sera irrésistible parce que conduite par une jeunesse qui n'en peut plus d'être privée d'avenir.

Rappelant que, par l'effet du système de retraite par répartition, les retraités dépendent  "de la charité des plus jeunes ", le grand économiste et philosophe Friedrich A. Hayek, prix Nobel d'économie 1974, écrit : " Les personnes les plus vigoureuses physiquement se révolteront et dépouilleront les vieux tout à la fois de leurs droits politiques et de leur privilège légal d'être entretenus. " Tel est l'enjeu de la crise du CPE. Et telle est aussi son inéluctable issue si la France ne met pas en œuvre immédiatement la réforme - entièrement votée et qui figure dans les lois de la République - de son système de protection sociale. Tout porte à craindre que l'actuel pouvoir et son opposition socialiste soient incapables de conduire ce changement. Il appartiendra donc à celui qui sera issu de la Révolution bleue de le faire. Avant qu'il soit trop tard !

Claude Reichman
Porte-parole de la révolution bleue.

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