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29/6/06  

Une interview de Claude Reichman

« Ne laissons pas se produire la disparition de la France »

Claude Reichman a été l’invité, le 21 juin 2006, du Libre journal des médias, dirigé par Gérard Marin, sur Radio-Courtoisie. Nous publions les principaux extraits de son interview.

- Gérard Marin : Aujourd'hui, j'ai le grand plaisir de recevoir Claude Reichman que j'ai invité à l’occasion de la publication de son dernier livre, La révolution bleue est en marche, une série d'entretiens avec Jean-Christophe Mounicq, publié aux Editions François-Xavier de Guibert. Claude Reichman, comment en quelques phrases définiriez-vous la Révolution bleue, que vous avez lancée il y a six mois, et ses objectifs ?

- Claude Reichman : La Révolution bleue est née d'un constat extrêmement simple qui est le blocage de la vie politique française. Nous sommes gouvernés par une clique incapable et malfaisante, dont aucune élection ne peut nous débarrasser. Certains vont se dire qu'il s'agit là de propos factieux, mais en réalité il s'agit de propos parfaitement démocratiques puisque notre objectif n'est pas de renverser la clique dirigeante par le biais de quelques manœuvres que ce soit mais tout simplement par l’effet d'une protestation populaire. Ce type d’action était jusqu'à présent l'apanage exclusif de la gauche, car c'est elle qui occupe les rues, qui les encombre et qui empêche les autres de travailler. Nous, nous avons décidé de descendre également dans la rue pour montrer que la droite est parfaitement capable elle aussi d'y aller. Mais nous le faisons d'une manière qui n'est pas destructrice : nous n'obstruons pas la circulation, nous faisons des manifestations statiques à des endroits où il reste toujours possible de circuler. Nous allons essayer de monter en puissance de manifestation en manifestation jusqu'à arriver à un processus cumulatif qui nous verra, nous l’espérons, un million sur les Champs-Elysées.

- Gérard Marin : Jusqu'ici, vous avez organisé plusieurs manifestations, plusieurs rassemblements, qui, je crois, sont montés en puissance à chaque fois ?

- Claude Reichman : C'est tout à fait exact. Sauf pour celle qui s'est déroulée au Panthéon, où nous avons eu beaucoup de monde, mais moins qu'on aurait pu l'espérer en raison de circonstances atmosphériques absolument calamiteuses. Il y a eu une véritable tempête sur Paris, à tel point que j'ai même hésité à maintenir la manifestation, compte tenu du fait que nous avons malgré tout pas mal d'électricité installée. Finalement, nous l'avons maintenue et nous avons bien fait car il faut croire que le ciel était avec nous : il s'est découvert au moment où la manifestation a commencé. Nous avons eu un grand vent mais un très beau soleil et une foule qui était largement supérieure à ce que l'on aurait pu craindre. Mais si les circonstances avaient été meilleures, nous aurions été facilement le double si j'en juge par les témoignages de ceux qui m'ont dit avoir renoncé à venir parce qu'il y avait des endroits qui étaient interdits à la circulation.

- Gérard Marin : Donc, à cette dictature de la rue de la gauche, des syndicats, des trotskistes, des casseurs qui paralysent le pays, ce qui entraîne des conséquences souvent très graves, vous avez décidé de répondre en manifestant que la France profonde, dans son essence même, en a ras le bol et veut montrer qu'elle existe et qu'on ne va pas continuer encore longtemps à lui dicter sa conduite et à la priver des fruits de son travail, car il y a heureusement encore beaucoup de Français qui travaillent et ce sont ceux qui font vivre le pays. S'il y a les casseurs et les bras cassés, il y a tout de même tous les autres. Donc, si j'ai bien compris, l'objectif primordial de la Révolution bleue est de sensibiliser cette opinion-là, qui est la France réelle, et de la rassembler et de l'amener à clamer que les choses ne peuvent plus durer comme elles durent depuis des décennies, disons depuis trente-cinq ans.

- Claude Reichman : Depuis trente-cinq ans en effet. On peut dater la prise de pouvoir de la technocratie de l'arrivée à l’Elysée de M. Giscard d'Estaing, flanqué de son coadjuteur, M. Chirac, qui a voyagé ensuite pour sa propre maison, mais c'est la même équipe. Ce sont des gens qui ne vivent que du prélèvement et de la redistribution – c'est l'assise de leur pouvoir – mais actuellement ce pouvoir est sur ses fins car il n’y a plus grand chose à prélever, il ne reste plus beaucoup de chair sur l'os. Nous sommes actuellement menacés d'extorsions de plus en plus pénibles car ces gens ne s'arrêteront pas. Le criminologue Xavier Raufer dit des malfaiteurs "qu'ils ne s'arrêtent que quand on les arrête". Les hommes politiques également. Beaucoup sont d'ailleurs à la fois hommes politiques et malfaiteurs, la formule vaut donc doublement pour eux.

- Gérard Marin : Comme vous l'avez souligné de très nombreuses fois dans vos livres, dans vos émissions si passionnantes et si argumentées de Radio Courtoisie, c’est de cette classe politique, de cette mafia de technocrates et d'énarques aussi incompétents qu'omniprésents, de ce clan qui étouffe la France qu'il s'agit de se débarrasser, évidemment par des voies démocratiques. Il ne s'agit pas d'aller faire un coup d'Etat… on se demande d'ailleurs comment on pourrait le faire. Vous êtes également, Claude Reichman, fondateur et président du MLPS, c'est-à-dire le Mouvement pour la Liberté de la Protection Sociale, et à ce titre, vous avez déjà remporté plusieurs victoires marquantes, notamment contre le monopole de la Sécurité sociale. Dites-nous quelques mots des récents événements à ce sujet.

- Claude Reichman : Nous avons mené une bataille de quinze années en nous appuyant sur les dispositions européennes. Non pas que nous soyons d'avis que l'Europe doive dicter les politiques nationales. Il vaudrait mieux que la France choisisse par elle-même les réformes qui lui conviennent. Mais après des années et des années de lutte à la tête de syndicats médicaux, j'avais constaté que nous ne parviendrions à rien sur le plan national et donc, utilisant comme un levier les dispositions communautaires, nous avons réussi, par des actions et des procès innombrables, par des saisines de la Commission européenne et de la Cour de justice de Luxembourg, à faire condamner la France qui n'appliquait pas les dispositions qu'elle avait pourtant votées au niveau communautaire. Nous avons donc obligé les gouvernements français à prendre des lois transposant les directives européennes, ce qui fait que le monopole de la Sécurité sociale est abrogé. L'Etat continue de se défendre aussi malhonnêtement que d’habitude, c'est-à-dire en mentant effrontément. Mais les dernières barrières ont cédé puisque la télévision s'est enfin mise à en parler, de nombreux journaux ont fini par indiquer qu'il n'y a plus de monopole de la Sécurité sociale et des milliers de Français se sont libérés. C'est une immense victoire. Je le dis sans prétention mais parce que c’est vrai, cette réforme va être vitale pour notre pays. Elle va lui permettre de retrouver sa prospérité. Les Français vont redevenir des citoyens et cesser d’être des assistés. La Sécurité sociale est née de l'industrialisation au siècle dernier. Des millions de campagnards sont venus dans les villes et se sont trouvés dans une situation très difficile. C'est ainsi qu’on est passé d'une solidarité familiale à une pseudo-solidarité collective. De l’idée mutualiste des débuts, on est passé à un monstre étatique qui a fini par prélever toute la substance de la nation, toute sa richesse, et qui est le principal responsable de la situation catastrophique que connaît la France aujourd’hui. Il ne faut pas oublier que chaque année, en raison de charges sociales excessives, disparaissent au moins 50 000 entreprises - ce sont des chiffres officiels - et qu’il y en a au moins autant qui ne se créent pas, sans compter les emplois qui sont supprimés au sein d'entreprises qui ne parviennent qu’à ce prix à rester en vie. Sans compter également les gens qui s'exilent : il y a actuellement deux millions de Français qui vivent à l'étranger. Si vous additionnez tout cela, vous pouvez faire le triste bilan de la Sécurité sociale et de son monopole : des millions d'emplois détruits ! Et tous ces gens qui sont aujourd'hui soit au chômage, soit dans la misère ou qui parfois ont disparu, car il ne faut pas oublier que certains en sont morts. Il y a des chefs d'entreprise qui se sont suicidés, car ils ne parvenaient pas à faire face à leurs engagements…

- Gérard Marin : Des patrons de PME qui n'en pouvaient plus…

- Claude Reichman : Exactement. Nous avons vu des veuves de travailleurs indépendants dont la maison a été saisie par des organismes dits "solidaires" et qui ne sont en fait que des organismes prédateurs. Voilà le triste bilan du monopole de la Sécurité sociale. Vous comprendrez qu'ayant abattu ce monstre, nous éprouvions quelque satisfaction. D'autant que cette victoire va permettre - et c’est l'aspect le plus important pour nous - à la France de repartir du bon pied. Car tout change quand vous redonnez à ceux qui travaillent l'essentiel de ce qu'ils gagnent, même si nous ne discutons pas le fait qu'il faut payer des impôts. Mais point trop n'en faut…

- Gérard Marin : Ils ne doivent pas être confiscatoires !

- Claude Reichman : N’oublions pas que la Sécurité sociale est en principe un système d’assurance. Vous avez "les assurances sociales", l’assurance maladie, l’assurance vieillesse, etc. Or on en a fait un dispositif fiscal, car vous ne payez pas, comme dans toute assurance, en fonction du risque couvert mais en fonction de ce que vous gagnez. C'est en réalité un véritable impôt. Cela crée une situation absolument calamiteuse sur le plan de l'investissement et de l'emploi et dont le résultat est la crise terrible que connaît la France actuellement, qui ne fait que s'aggraver de jour en jour et qui continuera d'ailleurs de s'aggraver tant qu'on n'aura pas utilisé massivement toutes ces dispositions pour repartir du bon pied. La principale cause des malheurs de la France, c’est bien le monopole de la Sécurité sociale.

- Gérard Marin : Le trou de la Sécu, au fil des années, des décennies, est devenu un gouffre abyssal qui ruine la France, vous l'avez bien dit et bien montré. Dans votre livre intitulé Le secret de la droite, vous avez décrit l'ampleur et les causes du blocage politique qui est à l'origine de tous les maux dont la France souffre et est en train de mourir. Je lis ceci sur la page de couverture de votre dernier livre, La Révolution bleue est en marche : « A ce stade d'autisme de la classe politique, le seul traitement est le renvoi", et c'est ce que veut obtenir la Révolution bleue, vous l'avez dit. "Quand les Français auront manifesté en très grand nombre qu'ils ne veulent plus des politiciens actuels parce qu'ils rejettent leur politique fondée sur des impôts et des charges sociales sans cesse plus lourds, et que la chienlit qui règne dans le pays n'est plus acceptable, il n'y aura plus d'autre choix pour la classe politique qui dirige la France depuis plus de trois décennies que de quitter le pouvoir. Dès lors la voie sera ouverte à une nouvelle majorité issue d'urnes réellement démocratiques et qui entreprendra de redresser notre pays." Je vais vous poser une question un peu insidieuse : Croyez-vous, Claude Reichman, que des manifestations aussi imposantes, aussi massives soient-elles – et je le souhaite de tout cœur – puissent parvenir à faire lâcher le pouvoir à une classe politicienne toute puissante à tous les niveaux et à une énarchie omnipotente, accrochée à ses privilèges à travers les fausses alternances qui maintiennent aux affaires, depuis trente-cinq ans, vous l'avez montré, sous différents sigles, l'inamovible UMPS, parce qu'on passe du PS à la fausse droite, de la fausse droite au PS, mais c'est toujours l'UMPS qui règne et ce sont toujours les mêmes qui ont tous les pouvoirs et qui ne changent rien. La grande inquiétude est de se demander ce qui va pouvoir changer en 2007, que ce soit tel ou tel qui arrive à la tête de l'Etat. Pensez-vous sincèrement qu'on puisse arriver à un raz de marée qui ébranle le système ?

- Claude Reichman : Je le pense très sincèrement et d'ailleurs si je ne le pensais pas, je n'aurais pas entrepris cette action qui est lourde à mener et qui implique qu'on s'y consacre entièrement. Je pense que nous sommes face à un système extrêmement fragile. En réalité, il n'est fort que de l'abstention de ceux qui auraient pourtant tout intérêt à son renversement, et qui pour une raison ou pour une autre - on pourrait probablement même étudier cela sur un plan psychanalytique - ne font pas les efforts nécessaires, ne s'engagent pas suffisamment dans le sens de la protestation, du combat. Nous avons une ambition et une seule, celle de désinhiber la droite au sens le plus large du terme, étant entendu que notre mouvement n'est pas du tout fermé à ce qu'on appelle le peuple de gauche, non pas sur le plan politicien, car nous n'avons strictement rien à voir avec les partis de gauche, mais il y a beaucoup de gens qui votaient à gauche jusqu'à présent et qui nous soutiennent car ils partagent effectivement les trois revendications essentielles de la Révolution bleue : Non à la chienlit, au désordre généralisé, à la violence, non à l'excès de charges et d'impôts et non aux politiciens incapables. Notre objectif n'est pas politicien, puisque nous n'avons ni l'intention de créer un parti politique ni de participer en tant que Révolution bleue aux élections. Il peut être assez facilement atteint dans la mesure où la protestation populaire démontrera ce que les lecteurs des contes traditionnels savent très bien, c'est-à-dire que le roi est nu. Il suffit de le crier pour que tout le monde s'aperçoive qu’il l’est. La difficulté que nous rencontrons en ce moment mais qui va aller en décroissant, c'est la tendance de la plupart des gens de droite à ne jamais manifester. C'est assez normal d'ailleurs, si l’on fait confiance aux mécanismes de représentation qui règlent la démocratie moderne. On se dit qu'il suffit de voter, de laisser faire ceux qu'on a élus, qu'ils soient dans la majorité ou dans l'opposition, et qu’on n'a pas à s'occuper de la marche de l'Etat. Or étant donné la captation du pouvoir par une clique manipulatrice et intéressée, une telle attitude des citoyens conduit, comme vous l'avez dit, à une pseudo-alternance, puisqu'on maintient perpétuellement en place les mêmes. Il faut donc que les personnes qui s'indignent de cette situation comprennent qu'elles ne peuvent plus continuer comme avant. Si elles restent chez elles en attendant 2007, elles seront dans la situation des personnages de la pièce de Beckett En attendant Godot. Un enfant viendra leur annoncer : "Monsieur Godot vous fait dire qu'il ne viendra pas ce soir". Et en réalité il ne viendra jamais. Effectivement, en 2007, si rien ne change, si nous ne parvenons pas à faire bouger les lignes, comme disent les observateurs politiques, nous aurons Monsieur Ségolène Sarkozy et Madame Nicolas Royal… ou l'inverse, ou quelqu'un d'autre, mais cela ne changera rien.

- Gérard Marin : Il faut dire, Claude Reichman, qu'il est vraiment difficile de faire bouger les Français. Je pense toutefois que cela n'est pas impossible s'ils arrivent à comprendre enfin – et beaucoup le comprennent déjà – que c'est leur propre survie et l'avenir de leurs enfants et de leurs petits-enfants, et l'avenir de cette patrie tout de même tant aimée qui sont en jeu. Il y a eu tout de même des exceptions. Après la chienlit de 68, il y a eu cette immense manifestation populaire sur les Champs-Elysées, qui n'avait pas rassemblé que des fidèles du Général de Gaulle, tant s'en faut, mais un grand nombre de Français qui en avaient marre, ras le bol de cette anarchie. Il y a eu aussi une exception heureuse, quand, par la loi Savary, Mitterrand avait essayé de porter un coup mortel à l'enseignement libre. On a alors vu des centaines de milliers de gens descendre dans la rue pour dire : "Non, nous voulons garder notre école libre". On peut donc penser que de nouveaux sursauts peuvent encore jaillir, mais il faut persuader l'opinion que son sort, son avenir sont en jeu. C'est cela la difficulté. Beaucoup de gens s'endorment.

- Claude Reichman : Vous avez raison et de ce point de vue-là on doit regretter cette incapacité à passer à l'acte chez la plupart de ceux qui protestent contre le système. En France, on fait des analyses impeccables mais au terme desquelles rien ne se produit. C'est très bien d'analyser, mais tout a déjà été dit. Les Français savent parfaitement de quoi il s'agit, sauf sur un point : je ne suis pas persuadé qu’ils aient compris quelle est la nature réelle du pouvoir qui les accable. C'est là la grande novation que nous avons apportée, non pas seulement par la Révolution bleue mais par les combats qui l'ont précédée. Il ne servirait à rien de renverser ce pouvoir si le pouvoir suivant devait garder la même structure : on aboutirait à un résultat identique, même avec des dirigeants vertueux, car les gens vertueux disparaissent et sont remplacés par d'autres qui le sont moins. Si l’Etat continue d’être fondé sur des prélèvements obligatoires excessifs et sur la captation du pouvoir par une caste politicienne au détriment des citoyens, nous aurons la même catastrophe économique, sociale et politique qu’aujourd’hui, et la même désagrégation de la nation, car ce qui est en jeu actuellement, c'est l'existence de la nation française. Nous n'avons jamais été aussi menacés, sauf lors de guerres perdues, et encore celles-ci n'avaient-elles pas affecté la structure de la nation. Certes le pays avait été vaincu, mais c’est surtout l’Etat qui l’avait été, et fondamentalement les Français restaient des Français. L'Etat une fois rétabli, le pays était capable de repartir. Aujourd’hui, nous sommes dans un processus radicalement différent. Il y a d'abord le phénomène de l'immigration qui a bouleversé la composition de la nation. Quand on a un quart d'immigrés dans un pays, on n’a plus le même peuple. Il faut en mesurer les conséquences. D'autre part lorsqu'on prive ceux qui travaillent, ceux qui entreprennent, ceux qui sont les principaux piliers de la nation, du fruit de leurs efforts, on détruit l’économie du pays, ainsi que la démocratie. N'oublions pas que l'empire romain s'est effondré le jour où le légionnaire n'a plus été un propriétaire rural. En France comme à Rome, on augmente sans cesse la distribution frumentaire et l’on n’offre plus au peuple que le pain et les jeux, panem et circenses. Pour les fournir, l’Etat tue, entreprise après entreprise, la richesse de la nation. C'est cela qu'il faut arrêter d'urgence car nous sommes tout proches d’un effondrement irrémédiable. C'est terrible à dire et à constater, mais cela tombe sur nous en ce moment. Notre génération aura à supporter une responsabilité terrible : celle d’avoir laissé se produire la disparition de la France.

- Gérard Marin : Il est très difficile de remuer un peuple qui a tendance à s'endormir. Une dernière question, Claude Reichman, et je pense que beaucoup d'auditeurs ont envie de vous la poser : comment se situe la Révolution bleue par rapport à cette union des patriotes qu'essaient de constituer pour les prochaines législatives et pour la présidentielle, des leaders politiques de la vraie droite qui en ont ras le bol, comme d'innombrables Français, de la chienlit et de l'incompétence qui mènent notre pays à la catastrophe ?

- Claude Reichman : L'union des patriotes a, dans le principe, tout notre soutien puisque c'est ce que nous appelons de nos vœux depuis très longtemps. Encore faut-il qu'elle se fasse sur des considérations qui ne soient pas purement tactiques ou politiciennes, sinon elle échouera. J'exprime la crainte, compte tenu des premières réactions enregistrées, que les intérêts politiciens ne priment sur l'intérêt national. C’est dommage car les personnes ou les groupements auxquels vous faites référence sont ceux qui combattent le système. On ne peut évidemment faire aucun crédit à l'UMP ni à l'UDF. Il faudrait que tous les autres comprennent que leur union est plus importante que leurs différences. C'est là qu'on touche encore du doigt un des mécanismes qui vicient la démocratie. Quelle est la véritable raison de cet émiettement politique ? La nature de notre peuple ? Je ne le crois pas. La véritable raison, c'est l'argent. Celui qui est distribué aux partis politiques. Ils sont obligés, pour l'intérêt de leurs structures, de prendre en compte le fait que chaque voix obtenue aux élections législatives donne droit à environ un euro et demi de subvention publique chaque année, ce qui permet, si l’on a fait un score honorable, de vivre confortablement pendant cinq ans. Cette disposition est scandaleuse. Il n'y a aucune raison pour que l'Etat subventionne les partis politiques dans la mesure où vous êtes contraint, en tant que contribuable, de financer des partis qui n'ont pas votre approbation, voire même que vous détestez. Nous finançons, vous et moi, le parti communiste. Ni vous ni moi n'avons envie de le faire. C'est insensé. Qu'on supprime ces dispositions et qu'on laisse chacun cotiser librement, avec une déduction fiscale bien sûr, à la formation politique de son choix. Notre objectif est seulement de créer un élan assez fort pour que les partis politiques hostiles au système, ou d'autres qui se créeraient, se sentent poussés à oublier leurs divisions et répondent à l'attente des Français

- Gérard Marin : Vous l'avez laissé entendre, vous l'avez même dit tout à l'heure, Claude Reichman, un certain nombre de gens qui ont le cœur à gauche mais qui sont d'authentiques Français, qui aiment la France, d'authentiques patriotes, se joignent et se joindront à cette Révolution bleue, dont j'espère qu'elle deviendra, au fil des mois, un raz de marée capable de bousculer les choses. A quand vos prochaines actions et comment allez-vous aborder les échéances électorales ?

- Claude Reichman : Notre dernière manifestation avant la pause estivale a eu lieu le 17 juin devant le Conseil Economique et Social, que nous avons choisi pour symbole car c’est un des endroits où se dilapide l'argent de la nation. Nous y avons déposé un régime de bananes, symbole de la république bananière dans laquelle nous vivons. La fois d’avant nous avons déposé devant le Panthéon un caleçon symbolique, le caleçon étant le vêtement de l'esclave. Nous essayons, vous le voyez, de mettre un peu d'humour dans nos actions. Nous tenons également un café politique tous les vendredis de 17 heures à 19 heures à la Pizza Pino, 57 boulevard du Montparnasse. Nous allons tenir ce café politique, où chacun peut s’exprimer, jusqu' à la fin juin et nous le reprendrons dès le début septembre. Ces réunions hebdomadaires nous permettent de garder le contact, dans l'intervalle entre les manifestations, avec tous ceux qui veulent se mobiliser pour le salut de la France.

- Gérard Marin : Claude Reichman, merci. J'espère que de très nombreux auditeurs liront votre livre pour mieux connaître cette Révolution bleue qui est un des rares espoirs qui nous restent de voir enfin changer les choses.

 

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