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17/1/10 Richard Hanlet

Pour sauver la Sécu, il ne reste plus qu’à mettre le corps médical sous l’uniforme !

Les vingt ans de la chute du Mur de Berlin ont été célébrés avec éclat, et ceux qui eurent toutes les indulgences pour le socialisme réel ne furent pas les derniers à saluer cette conquête de la liberté. Mais l'autre grande victoire du communisme d après guerre (je parle de la sécurité sociale à la française) n'est pas très en forme non plus : intermittente de l'assurance mais permanente de l'extorsion, elle prend la consistance du sucre mouillé.

Sans revenir aux géniales intuitions de Frédéric Bastiat dès 1850 (1), il était à prévoir qu'un système bâti sans aucun souci d'équilibre (comme si les ressources pour le faire vivre étaient infinies), sans prime fixe en fonction de l'âge ou du risque, garantissant plusieurs ayants droit à partir d'un seul assuré, et s'offrant même le luxe de couvrir des non assurés accourus des quatre coins de la planète, ne pouvait que mal finir. Présentée à l'origine comme un moyen, l'assurance maladie est devenue une fin.

Comme toujours quand le réel frappe à la porte des idéologues aux abois, ceux-ci ne reviennent pas sur leurs certitudes, mais estiment généralement qu'ils ne sont pas allés assez loin dans l'organisation du "système". Aujourd'hui encore, France Soir prétend que si davantage de médecins acceptaient la carte Vitale, on économiserait 200 millions. Sans oser préciser quelle économie on obtiendrait si le corps médical avait enfin le bon goût de travailler gratuitement...

D'où ce véritable lâcher de corbeaux s'abattant sur la médecine française, avec ces lois "Bur lesques″ (2) qui champignonnent pour créer un délit statistique, nous imposer nos tarifs, nos patients, nos prescriptions (en génériques), nos lieux d'installation, et bientôt nos dates de vacances... Tout en donnant aux directeurs de caisse, et contrairement au droit commun, d'exorbitants pouvoirs non seulement de police, mais aussi de sanctions. Il est clair que ce harcèlement institutionnel préfigure une médecine quasi militaire propre à tuer toute vocation dans l'oeuf, à commencer par celle de généraliste (il serait quand même curieux que ce pays se dresse contre la mobilité des gendarmes mais impose celle des médecins libéraux ... ).

Au delà du rire salutaire que de telles absurdités suscitent, chacun sent bien que ces mesures auront sur la santé la même efficacité que la lutte contre les paradis fiscaux sur la crise économique, c'est-à-dire aucune. Ce sont des nuages d'encre émis par les seiches gouvernementales qui, toujours soucieuses de respecter leurs électeurs, ont recruté le socialiste Claude Evin comme chef de la santé en Île de France. Il est vrai que l'homme avait jugé la loi ″Hôpital Santé Patients Territoire″ (HSPT) "absolument nécessaire pour défendre l'hôpital public", et surtout "loin d'être libérale"... Ce qui était quand même l'essentiel ! Avec son copain de la même cosse, J. M. Le Guen, à la tête de l'APHP, notre seule chance serait qu'ils commencent par s'entretuer. Ce qui, à la réflexion, pourrait ne pas être tout à fait exclu, et avoir le mérite de nous donner quelques mois de répit.

Vaccinons dans la joie

Mais n'y pensons plus, et vaccinons dans la joie et la bonne humeur. Les sociologues auront dans quelques années de quoi disserter de l'influence des médias sur les comportements humains, parce que quand même, encourager la vaccination en commençant par exposer au journal télévisé toutes les formes cliniques du syndrome de Guillain Barré, c'était un bel exploit !

Alors fin novembre, les foules ne se pressaient pas plus dans les centres de vaccination que dans ces maisons médicales entretenues à grands frais pour voir moins d'un malade à l'heure : ne pas oublier son jeu de cartes et sa comptabilité en retard... Trois jours et quatre morts plus tard, c'était l'assaut... Mais ce tango vaccinatoire pourrait ne pas être involontaire. Selon des sources dignes de foi, et contrairement aux quatre vingt treize millions claironnés, la France ne disposerait en réalité d'ici plusieurs mois que de six millions de doses. Alors certains ne regrettent sans doute pas que les Français traînent les pieds.

Quant aux médecins ″ réquisitionnés volontaires", un net flou entoure encore leur couverture à l'heure où j'écris. Assurés par l'Etat conformément au principe habituel pour ses collaborateurs occasionnels ? Couverts par leur assurance responsabilité civile professionnelle, à charge pour celle-ci de se retourner contre l'État (avec des conséquences qui pourraient se retrouver dans leurs primes) ? Assurés par leurs entreprises s'il s'agit de médecin du travail ? On aimerait y voir clair.

Mais ce qui est certain, c'est que les laboratoires pharmaceutiques, et donc leurs assureurs, ont obtenu, eux, la garantie préalable de l'État pour ne pas avoir à indemniser d'éventuelles victimes d'effets indésirables du vaccin. C'est rudement pratique, et on peut penser que cet effet pervers du principe de précaution tendra à se développer dans toute recherche "à risque".

Pour mémoire, une telle absolution préalable et générale avait été donnée pendant la guerre par le cardinal Suhard aux pratiquants du marché noir : « Ces modestes opérations extra légales, par lesquelles on se procure quelques suppléments jugés nécessaires, se justifient tout à la fois par leur peu d'importance et par la nécessité de la vie ».

Bénéficierons nous d'une même indulgence plénière ? Il faudrait demander à la
HALDE …

Docteur Richard Hanlet

(1) "Supposez que le gouvernement intervienne. Il est aisé de deviner le rôle qu'il s'attribuera, Son premier soin sera de s'emparer de toutes ces caisses sous prétexte de les centraliser et, pour colorer cette entreprise, il promettra de les grossir avec des ressources prises sur le contribuable." ( ... ) Mais, je le demande, que sera devenue la moralité de l'institution quand sa caisse sera alimentée par l'impôt; quand nul, si ce n'est quelque bureaucrate, n'aura intérêt à défendre le fonds commun ; quand chacun, au lieu de se faire un devoir de prévenir les abus, se fera un plaisir de les favoriser ; quand aura cessé toute surveillance mutuelle et que feindre une maladie ce ne sera autre chose que de jouer un bon tour au gouvernement ? (…) Il nommera des vérificateurs, des contrôleurs, des inspecteurs, on verra des formalités sans nombre s'interposer entre le besoin et le secours, Bref une admirable institution sera, dès sa naissance, transformée en une branche de police." Frédéric Bastiat

(2) cf Yves BUR, député UMP(S ?) médicophobe.

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