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Il y aura bien un grand soir de la protection sociale

19/7/03 Claude Reichman
Il n'y aura pas de réforme de l'assurance-maladie… pour l'excellente raison qu'elle est déjà faite ! Les textes sont votés, les dispositions réglementaires sont prises, on n'attend plus que le coup de tonnerre initial. Qui annoncera non pas un orage mais un tremblement de terre. Les uns après les autres, tous les secteurs français d'activité sont bouleversés par les dispositions européennes consécutives aux traités que notre pays a signés et qu'il s'efforce de respecter avec le plus de retard possible. C'est évidemment le cas avec les divers régimes de sécurité sociale, qui vont à présent connaître un " grand soir " après de longues années de reculs et de mensonges. Mais il vient toujours un moment où l'on est confronté aux conséquences de ses actes, et pour le pouvoir politique français, ce moment est aujourd'hui arrivé.
Il est invraisemblable de voir un président de la République s'exprimer, comme l'a fait Jacques Chirac à l'occasion de son entretien télévisé du 14 juillet, en occultant des évènements qui vont survenir dans quelques semaines - et qui sont d'ailleurs déjà en cours.
" Il n'y a pas à réformer notre système d'assurance-maladie, a-t-il déclaré, il est bon, il faut le maintenir. Il n'y aura donc pas de réforme de l'assurance-maladie, c'est un problème qui n'a rien à voir avec celui des retraites. " Ah bon ! Des déficits récurrents et qui s'aggravent d'année en année, des déremboursements en série, des hôpitaux publics qui sont, aux dires mêmes du ministre de la santé, M. Mattei, " une poudrière ", des cliniques privées qui n'arrivent plus à joindre les deux bouts et qui disparaissent en grand nombre, une population qui vieillit et réclame de plus en plus de soins que la Sécurité sociale se révèle incapable de financer…N'en jetons plus, la cour est pleine. Et c'est ce tableau dramatique que le chef de l'Etat juge satisfaisant !
Quand le mensonge atteint un tel degré, on doit s'interroger sur l'univers dans lequel vivent les princes qui nous gouvernent. Il semble bien que des décennies d'impunité les aient rendus complètement inconscients des réalités et qu'ils ne jouissent plus de toutes leurs facultés mentales. Dans la vie de tous les jours, un type qui raconte n'importe quoi est jugé avec sévérité et les gens l'écartent d'eux sans ménagements. En politique, c'est exactement l'inverse. On le réélit !

Le temps du mépris

Du coup, certains se demandent si ce ne sont pas les Français qui sont fous et s'ils n'ont pas, au fond, les gouvernants qu'ils méritent. Mais tel n'est pas le cas. Les Français ne sont pas fous. Simplement on les empêche, par des manipulations politiciennes, de se donner des représentants dignes d'eux. C'est ainsi qu'une caste incapable et sans scrupules s'est emparée de tous les pouvoirs et soumet le pays à une dictature d'autant plus cruelle et perverse qu'elle ne dit jamais son nom et qu'elle dissimule ses actes sous des flots de discours mensongers.
Il n'y aura donc pas de réforme de l'assurance-maladie, du moins par les mains du gouvernement. Il va se contenter d'assister au spectacle des Français qui vont se ruer hors de la prison sociale où l'Etat les tient enfermés depuis plus d'un demi-siècle et qui, du même coup, vont provoquer un des plus grands bouleversements que notre pays ait connus. Tous ensemble, nous allons non seulement être plus libres, mais aussi beaucoup plus riches, car nous n'aurons plus à supporter le surcoût monstrueux d'un système d'assurance monopolistique.
Chaque année depuis qu'il est président de la République, Jacques Chirac, à l'occasion généralement du congrès de la Mutualité française, se " portait garant " de notre système de sécurité sociale. Pour la première fois en 2003, il ne l'a pas fait. Car il sait très bien que ce système est à l'agonie. Mais il n'a pu franchir l'étape suivante, qui eût consisté à dire la vérité aux citoyens de notre pays. Triste destin que celui d'un homme qui, toute sa vie, à aspiré à diriger la France et qui n'a pas le moindre succès à mettre à son actif, hormis bien sûr le fait d'avoir remporté des élections. Selon le mot fameux, " il est arrivé, mais dans quel état ! "
Il était juste que la fin du monopole de la Sécurité sociale advînt sous la présidence de Jacques Chirac. Celui-ci va être puni par là où il a le plus péché. Cet homme de gauche s'est longtemps dissimulé, pour atteindre le pouvoir, sous des atours de droite. Enfin parvenu à l'Elysée, il a cru pouvoir révéler sa vraie nature, effectuant ce que les Américains appellent un outing, une sortie. Mais il va devoir assumer la plus grande défaite que le collectivisme ait subi dans notre pays : l'effondrement de l'épouvantable tyrannie sociale imposée aux Français, et cela ne peut que le désoler, lui qui n'a jamais eu cure que d'une seule liberté, la sienne.
Point n'est besoin de longues conversations avec des " Français d'en bas " pour découvrir le sentiment qu'ils éprouvent pour leurs gouvernants : le mépris. Un mépris profond, incrusté en eux et qui ne demande qu'à exploser en colère. Il suffit pour cela d'un banal incident - l'incident de trop - qui viendra rompre l'ultime digue séparant la placidité de la violence. Il n'y a aucun risque à affirmer que ce genre d'incident finit toujours par survenir. L'histoire n'est jamais un long fleuve tranquille. En France moins qu'ailleurs.

Claude Reichman

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