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8/1/13 Charles Gave
       Je sais où le tsunami financier se produira !

Il est d’usage à cette période que l’auteur présente ses vœux aux lecteurs pour l’année à venir. Il est moins fréquent que l’auteur se présente des vœux à lui- même et c’est pourtant ce que je vais faire. Quels sont donc les vœux que je m’adresse à moi-même pour cette nouvelle année, va se demander le lecteur curieux ?

Ce sont des vœux fort simples. Bien entendu, en ce qui concerne ma vie personnelle, je me souhaite à moi-même, ainsi qu’à tous ceux qui lisent mes chroniques, santé, prospérité, vie familiale harmonieuse, bonheur … En ce qui concerne ma vie professionnelle, en revanche, je n’ai qu’un vœu et un seul: que les gouvernements et les banques centrales du monde entier me foutent la paix. (NDLR : version moderne de « Si tous les gars du monde pouvaient se donner la main et me lâcher la grappe »)

Louis XIV, lors d’une visite à Saint-Malo, rencontra les représentants des armateurs de cette ville, très fortement concurrencés par les Anglais à l’époque. Le Roi leur demanda ce qu’il pouvait faire pour les aider. Le chef de la délégation des armateurs, affolé, répondit : « Rien, Sire, surtout ne faites rien ». Cela va faire plus de dix ans que gouvernements et banques centrales manipulent à qui mieux mieux taux d’intérêts, taux de change, masses monétaires, déficits budgétaires, impôts… dans une espèce de frénésie d’interventionnisme keynésienne, pour essayer d’améliorer les choses, disent-ils.

Dans la réalité, et à cause de leurs interventions, tout va de mal en pis.

Par exemple, nous n’avons plus de prix de marché nulle part et du coup tout le monde est perdu.

Nous n’avons plus de prix de marché sur les taux de change tant tout un chacun est occupé à essayer de faire baisser sa monnaie ( le yen aujourd’hui, le dollar hier), ou a tout le moins à l’empêcher de monter (franc suisse).

Nous n’avons pas de prix de marché sur les taux courts et encore moins sur les taux longs un peu partout dans le monde. Aux USA par exemple, 100% des obligations émises par le Trésor américain avec une duration supérieure à 5 ans ont été achetées par la banque centrale US en 2012…ce qui veut dire qu’à la place d’avoir un vendeur, le Trésor US, et des millions d’acheteurs (les épargnants du monde entier), nous avons un vendeur et un acheteur, tous les deux parties prenantes de l’administration américaine, c’est-à-dire que nous nous retrouvons en URSS, où la banque centrale locale achetait les bons du trésor locaux à un prix déterminé autour d’une tasse de café ou d’une bouteille de vodka par les chefs de ces deux administrations.

Nous n’avons pas de prix de marché pour toute une série d’actifs financiers pour lesquels les banques centrales ont décidé que leurs prix étaient trop importants pour être laissés dans les mains des opérateurs et que donc les banques centrales devaient les acheter à tiroir ouvert. Je veux parler de choses telles que les émissions hypothécaires aux USA (mortgages), ou les obligations émises par des pays comme l’Espagne ou l’Italie.

Bref, au moins la moitié des outils de marché cotés sur les places financières du monde entier n’ont strictement plus rien à voir avec leur valeur « fondamentale », tant leur prix est devenu le résultat d’une décision « politique ».

Comment voulez-vous que le capitalisme fonctionne sans coût du capital et comment voulez-vous que j’alloue mon capital rationnellement dans un tel monde ?

Toutes les expériences historiques montrent que contrôle des prix et contrôle des changes échouent partout et toujours, et pourtant nous voilà lancés dans une opération de contrôle du prix de certains actifs (beaucoup plus hasardeuse) qui bien entendu va échouer piteusement elle aussi, la seule question étant : quand?

A cette question, je veux apporter une réponse sans aucune ambigüité : je n’en ai pas la moindre idée, tant ces imbécillités contreproductives, du style de l’euro, ont duré déjà plus que ce à quoi je m’attendais ! En revanche, je sais avec certitude que nous avons devant nous un tsunami financier lorsque les vrais prix réapparaîtront, mais je n’ai strictement aucune idée sur le moment où le tremblement de terre déclenchant le tsunami se produira. Mais, je sais très bien où ce tsunami se produira.

Il va toucher tous les actifs dont les prix ont été manipulés, c’est-à-dire grosso modo tout ce qui de prés ou de loin est rattaché a des « faux prix », c’est-à-dire aux monnaies manipulées et aux marchés obligataires de ces mêmes pays. Comment se protéger ? Ne pas acheter une maison sur la plage, telle est la réponse. Prenons l’exemple d’un Allemand, en 1920, qui a le choix entre acheter une action émise par Siemens ou une obligation à trente ans émise par l’Etat allemand. En trente ans, l’Allemagne connaît une dépression, le régime nazi une défaite militaire sans précédent, une destruction totale de son appareil productif.

Et pourtant…

Celui qui a acheté l’action Siemens se porte plutôt bien. Celui qui a acheté l’obligation d’Etat a perdu 100 % de son capital. Mon conseil est donc tout simple : il ne faut faire aucune confiance à tout ce qui dépend de nos Etats, tombés à l’évidence dans les mains d’une « ineptocracie/ kleptocracie », avoir tout son capital investi dans les Siemens de ce monde, et… attendre. Un tel portefeuille sera volatil, mais il ne sera pas dangereux à terme. Trouver les outils pour préserver mon capital sur le long terme, tel est le vœu que je me souhaite pour 2013.

Et je m’engage à informer mes lecteurs des découvertes que je ferai en 2013 pour les aider à atteindre ce but en ce qui les concerne.

Charles Gave
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