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18/3/12 Charles Gave
       Le déficit budgétaire de la France va devenir
                                    ingérable !

Depuis plusieurs mois, les taux longs américains (sur les obligations à 10 ans) oscillaient entre 1,75 % et 2 %. En quelques jours, ils viennent de monter très fortement, pour se retrouver nettement au dessus de 2,10 %. Derrière ce mouvement très significatif, la perception par les gérants de fonds que l’économie américaine était à nouveau en pleine croissance, non pas bien sûr à cause de la politique de M. Obama, mais en dépit de cette même politique, bloquée depuis plusieurs mois par une majorité d’élus Républicains empêchant toute nouvelle dépense étatique (depuis un an les dépenses nominales de l’Etat US sont en baisse pour la première fois depuis 1946…).

Il est donc probable que si le socialisme et son avatar, le keynésianisme, reculent aux USA, la croissance du secteur privé va s’accélérer, comme cela se produit à chaque fois. Or s’il y a une règle qui ne se dément pas, c’est celle qui lie la croissance nominale à long terme dans un pays avec les taux longs sur les obligations d’Etat.

Si la croissance sur les 10 dernières années a été de 4 %, les taux longs en général seront aux alentours de 4 %.

La croissance nominale aux USA sur les 10 dernières années a été de 3,5 %, et les taux longs depuis des mois avoisinaient les 1,7 %, ce qui veut dire que le marché obligataire était grotesquement surévalué.

Deux explications peuvent être apportées à cette surévaluation :

1. La crainte que le monde n’entre en déflation/dépression.

2. Les manipulations auxquelles la banque centrale américaine se livrait.
Si ces deux facteurs venaient à disparaitre, il y a fort à parier que les taux longs US n’aillent bien au dessus de 3 %.

Nous entrons donc dans un « bear market » d’anthologie sur le marché obligataire US, ce qui va amener nombre de commentateurs à annoncer une baisse du marché des actions : hausse des taux = baisse des marchés, ce qui est faux. Il y a eu 7 grandes hausses des taux depuis 1982 aux USA. Deux fois le marché des actions n’a rien fait, cinq fois il est monté très fortement, et cela pour une raison toute simple : la hausse des taux anticipait non pas une hausse d’inflation, mais une hausse de l’activité économique, par définition favorable aux actions.

Donc les taux ont commencé à monter fortement aux USA et c’est une très, très bonne nouvelle. Enfin ! ai- je envie de dire…

Je maintiens donc ma recommandation de surreprésenter actions US et dollar dans les portefeuilles. Depuis trois ans, les actions US ont surperformé les actions françaises de plus de 50 % et cela devrait continuer.

En revanche, je ne suis pas sûr que cela soit une bonne nouvelle pour notre pays. Pour des raisons parfaitement compréhensibles, les taux longs français sont complètement corrélés aux taux américains.

Les taux longs en France vont donc monter, et très sensiblement, ce qui va rendre notre déficit budgétaire quasiment ingérable. Je plains le pauvre élu à la prochaine élection en France, qui va se retrouver dans le rôle de Papandreou en Grèce ou Zapatero en Espagne. Je maintiens donc que dans notre pays, il ne faut avoir que des actions exportatrices, qui seront les moins touchées par le drame budgétaires français qui s’annonce. Apres tout, un portefeuille composé de valeurs exportatrices françaises avec une grosse surpondération américaine a très bien fait depuis trois ans.

Je ne vois aucune raison, aucune, pour que cela change.

Ce portefeuille a été celui que je recommande depuis trois ans, et sa performance a été plus qu’honorable.

Charles Gave

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