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19/12/12 Charles Gave
      C’est bien la baisse du poids de l’Etat qui fait
                          revenir la croissance !

La discussion sur le rôle et le poids de l’Etat dans l’économie est à peu prés aussi vieille que l’étude de l’économie, et historiquement certains gouvernements, démocratiquement élus ou pas, confrontés à une crise de solvabilité se sont attachés à faire baisser le poids de l’Etat dans l’économie soit par conviction (Thatcher, Reagan), soit par pragmatisme.

Comme exemple historique d’une volonté plutôt pragmatique qu’idéologique, je vais prendre le Canada après l’élection de 1993. La situation du pays à l’époque était dramatique, déficits extérieurs et déficits intérieurs abyssaux, la dette de l’Etat en pourcentage du PNB en hausse constante, voilà qui préfigurait la France d’aujourd’hui. Les Canadiens, au lieu d’appeler leur monnaie le « dollar canadien », en étaient venus à le surnommer le « peso canadien ».

En 1993, devant cette situation dramatique, les élections portèrent au pouvoir Jean Chrétien, du Parti libéral canadien, plutôt à gauche sur l’échiquier électoral canadien. (La notion selon laquelle seul un parti de droite peut faire reculer l’Etat est une idée qui n’a aucune justification historique.)

Conformément à leur programme électoral, Chrétien et son ministre des finances, Paul Martin, commencèrent à faire baisser sèchement les dépenses de l’Etat, ce qu’ils firent avec beaucoup de vigueur. Paul Martin avait coutume de dire qu’il y a deux solutions pour faire reculer le Moloch : soit « raboter » un peu chaque dépense, ce qui ne marche jamais, soit y aller à la hache pour supprimer ce qui est vraiment inutile, ce qui marche toujours mais est mal vu par les groupes de pression divers et variés qui vivent de prébendes non gagnées et ne voient jamais pourquoi cela devrait s’arrêter.

Et à la hache, ils y allèrent gaiement, sous les sarcasmes de tous les économistes qui annoncèrent un désastre imminent … Dépression économique, explosion du chômage, appauvrissement généralisé, rien ne manquait à l’appel.

Voici les résultats :

- En 4 ans, les dépenses de l’Etat baissèrent de 4 points de PIB, c’est-à-dire de prés de 20%. Promesses tenues.

- Pendant les deux premières années, la croissance du PIB resta médiocre avant de s’envoler ensuite (il semble en effet qu’il faille à peu prés deux ans pour que la cure de désintoxication fasse son effet).

- De façon complètement incompréhensible (pour les keynésiens bien sûr, mais pas pour les économistes sérieux), nous n’avons eu de récession ni en 1994, ni en 1995, ni plus tard. Le chômage se mit à baisser, le niveau de vie à monter, les taux d’intérêt à s’écrouler…. Bref le bonheur économique total. En fait il fallut attendre vingt ans pour que le Canada connaisse une récession, alors qu’auparavant le Canada se payait une récession tous les 4 ou 5 ans, le Canada échappant même « miraculeusement » et sans problème à la récession américaine de 2001-2003

- Encore plus curieusement (pour les keynésiens), le taux de croissance structurel, après deux ans de stagnation au niveau des pré-réformes, se mit à remonter sec pour retourner à plus de 3,5 % par an pendant 10 ans de suite, avant que l’économie ne soit touchée par la crise américaine de 2008, que le Canada passa d’ailleurs beaucoup mieux que la quasi totalité des pays occidentaux à l’exception de la Suède ou de la Suisse qui suivaient bien sûr le même genre de politique.

- Comme Mme Thatcher ou Ronald Reagan auparavant, à l’élection suivante, le Parti libéral et son président furent réélus sans aucun problème. Une fois de plus il était prouvé que quand un élu fait une politique « courageuse », il est réélu sans problème. Sont toujours battus ceux que de Gaulle appelait les fromages blancs…

- Je peux faire la même démonstration pour la Suède après 1992, la Grande- Bretagne avec Mme Thatcher, les USA sous Reagan ou Clinton (sous la pression du chef de la majorité républicaine à la Chambre des Représentants, Newt Gingrich), en Asie depuis 1998… Partout et toujours, une baisse du poids de l’Etat déclenche une hausse de la croissance dans les 12 à 18 mois qui suivent.

- Donc, et je conclus là-dessus :

Oui, c’est bien la croissance du poids de l’Etat qui fait ralentir l’économie.

Oui, faire reculer l’Etat c’est organiser sous les deux années suivantes le retour de la croissance.

CQFD

Charles Gave



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