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17/11/07

Claude Reichman

Le gouvernement annonce la faillite imminente de la Sécurité sociale

Le déficit annoncé de la Sécurité sociale s’établit à 21 milliards d’euros pour 2007 et 2008. Mais sur sa lancée actuelle, il atteindra probablement 30 milliards d’euros à la fin de 2008. Le gouvernement doit donc trouver d’urgence cette énorme somme soit en augmentant les recettes, soit en diminuant les prestations, soit en combinant ces deux méthodes. Or il ne peut afficher pour l’instant que des recettes supplémentaires de 850 millions d’euros, provenant de l’application de franchises aux remboursements de médicaments, et de 300 millions d’euros issus de la taxation des stocks-options. De plus les 850 millions des franchises ne sont pas destinés au trou de la Sécu mais à la maladie d’Alzheimer. Si bien que face aux 30 milliards de déficit, il n’y a que 300 millions de recettes, soit 1 % de ce qu’il faudrait pour ramener la Sécurité sociale à l’équilibre. A moins d’un plan de rigueur d’une ampleur exceptionnelle, force est de constater que l’institution que-le-monde-entier-nous-envie va se trouver en faillite.

En matière de recettes, le gouvernement pouvait envisager d’appliquer une TVA sociale. Il y a renoncé en raison des effets déprimants que celle-ci aurait sur la consommation, qui est le seul moteur de la maigre croissance française. Il ne lui restait donc plus que la CSG. Il vient d’y renoncer également par la voix de M. Eric Woerth, ministre du Budget et des Comptes publics, qui a déclaré, lors d’un colloque tenu le 14 novembre 2007, qu’il n’avait pas « l’intention d’augmenter la CSG », ajoutant que « ce serait tellement facile de céder à la tentation et de remiser à plus tard les réformes de fond » et qu’en outre « ce serait surtout contradictoire par rapport à notre politique fondée sur la recherche de croissance et nous ne voulons pas de ça ».

Le gouvernement s’apprête donc à constater prochainement la faillite de la Sécurité sociale et l’impossibilité de la sauver dans sa forme actuelle. Cela va se traduire par la fin de son monopole et la possibilité pour les Français de s’assurer librement auprès d’une société privée, une mutuelle ou une institution de prévoyance, française ou européenne, conformément aux directives communautaires de 1992 intégralement transposées dans le droit français. Les personnes ne pouvant s’assurer ainsi bénéficieront de mesures de solidarité dont la nature n’est pas encore définie mais qui devraient, dans l’idéal, consister en des aides financières à l’acquisition d’une assurance auprès de l’organisme de son choix.

Cette réforme aurait dû voir le jour le 1er juillet 1994, selon les engagements de la France envers l’Union européenne. Le manque de courage des gouvernements successifs l’a retardée de plus de treize ans, pendant lesquels le poids des charges sociales a ruiné l’économie de notre pays et a amené celui-ci au bord du gouffre. Il n’aura pas fallu moins que la faillite de la Sécurité sociale pour que ces mesures soient enfin mises en œuvre.

Une nouvelle ère va s’ouvrir. La France peut enfin entrevoir son entrée dans le monde moderne. Il va cependant falloir s’attacher à faire reculer la société d’assistance qui risque fort, au rythme où elle se développe en France au profit de "toute la misère du monde", comme le disait Michel Rocard, de ruiner, par les dépenses publiques démesurées qu’elle entraîne, toutes les chances de notre pays de reprendre sa place dans le concert des nations qui réussissent.

Autrement dit, la mobilisation doit rester entière. Il faudra, là aussi, affronter le politiquement correct et la cohorte des Tartuffe qui versent des larmes de crocodile sur les pauvres tout en veillant à s’enrichir eux-mêmes avec impudence. C’est quand elle se sera dégagée des idées fausses et folles qui lui ont fait tant de mal depuis des décennies que la France pourra se sentir enfin en confiance face à un avenir qui requiert toute son énergie pour affronter la concurrence mondiale. Dans cette perspective, la faillite de la Sécurité sociale était une étape obligée.

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.

 

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