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15/9/14 Florian Eder

         Cette commission européenne est une gifle
                           pour les Allemands !

La nouvelle équipe du président Juncker montre une chose : la défaite des Allemands. Ces derniers n’ont obtenu aucun poste significatif. En revanche, Pierre Moscovici a gagné le poste de commissaire économique et financier de l'Union européenne. L'ancien ministre français des Finances reçoit ainsi le poste le plus influent. C’est lui qui va émettre des recommandations et des admonestations pour les politiques économiques suivies par les pays de l'UE. Son administration est responsable de la méthodologie de calcul des déficits structurels et des déficits de financement. C’est l'homme qui contrôle les prévisions budgétaires et émet des réserves dans le débat entre l'UE et ses États membres.

Mais Moscovici a une lourde tare pour ce poste. Durant son mandat en tant que ministre des Finances, il a piétiné, année après année, les limites du pacte de stabilité. Il s’est plaint de l'austérité tout en augmentant dans le même temps la dette de son pays. Il a plaidé pour des mesures favorisant la croissance plutôt que de promouvoir un climat de confiance auprès des investisseurs afin de créer des emplois. Si Moscovici peut se targuer de son expérience en tant que ministre des Finances, c’est celle de son échec. (1)

Une cigale a été choisie pour faire respecter la rigueur budgétaire

Quel signal va donner Moscovici aux Espagnols, aux Portugais et aux Irlandais qui ont eu le courage de réformer leur pays avec un coût politique et social élevé ? Aux Baltes, qui font antichambre devant la zone euro ? Et aux Allemands, qui ont cru en la promesse que l’euro resterait aussi stable que le deutschemark ? Même s’il en avait l’intention, comment pourrait-il recommander à son successeur à Paris de mettre en œuvre des réformes et des économies, alors que lui-même a passé son temps à violer le pacte de stabilité ?

Juncker veut croire qu’un socialiste a plus de chances qu’un autre de faire avaler la potion libérale aux deux grands malades de l’Europe que sont l’Italie et la France. Certes, un Français doit être sévère à l'égard de son propre pays s’il veut être respecté par le reste de l'Europe. Mais cela présuppose que Moscovici change ses croyances. (2) Cette hypothèse n’est qu'un vague espoir car si Junker se trompe, c’est toute la crédibilité de l'UE qui est menacée, après des années d’effort pour faire respecter le pacte de stabilité.

Un prix de consolation pour les Allemands

En voulant influencer la formation de la nouvelle Commission européenne, le gouvernement fédéral s’est tiré une balle dans le pied. Il n’a pas empêché la nomination de Moscovici. D'autres pays ont montré leur savoir-faire dans les marchandages en coulisse. L’Italie a obtenu ce qu'elle voulait (la vice-présidence des affaires étrangères avec Federica Mogherini) (3) et la France également. Et les Britanniques, qui ont pourtant torpillé la candidature de Juncker, ont obtenu la régulation des marchés financiers, un dossier très important, en dépit de leur forte présence dans ce secteur. L’Allemagne doit se contenter d'un prix de consolation avec le poste de commissaire de l’économie numérique attribué à Günther Oettinger.

Florian Eder

Notes du traducteur

Votre serviteur vous présente ses excuses à propos de sa note du 27 juillet 2014 (Les horloges tournent à l’envers en France, de Michael Stürmer). Loin de le reléguer aux oubliettes de l’histoire, l’incompétence notoire de notre ex-ministre l’a propulsé au poste le plus important de la Commission européenne. Comme les Allemands, je considère que cette nomination est le pire choix pour faire respecter le pacte de stabilité. Le Premier ministre britannique, David Cameron, avait raison de s’opposer à la candidature à la présidence de la Commission européenne de Jean-Claude Juncker, qui avait, de son côté, le soutien inconditionnel d’Angela Merkel.

Avant de jeter son dévolu sur Junker, cette pauvre Angela aurait dû méditer la fable africaine du scorpion et de la grenouille, d’un auteur inconnu.

Un scorpion et une grenouille se rencontrent au bord d'une rivière. Le scorpion se tient à distance respectable et s'adresse à la grenouille.
Scorpion : J'aurais un service à vous demander, madame la grenouille.
Grenouille : Allez y, ça pourrait m'intéresser.
Scorpion : Voici, je dois absolument traverser la rivière car j'ai un rendez-vous important de l'autre côté et je suis déjà en retard. Donc je me demandais si vous pourriez me prendre sur votre dos pour me faire traverser la rivière, car vous savez que nous, les scorpions, nous ne savons pas nager.
Grenouille : Mais voyons, monsieur le scorpion , tout le monde sait bien que la piqûre de votre dard est mortelle et que si je vous prends sur mon dos je risque la mort.
Scorpion : Mais voyons, madame la grenouille, un tel raisonnement n'est pas digne de votre intelligence : si je vous pique, je vais moi aussi couler avec vous au fond de la rivière, et au risque de me répéter nous, les scorpions, nous ne savons pas nager.
La grenouille se laisse convaincre, prend le scorpion sur son dos et nage vers l'autre rive de la rivière. Au milieu du gué, la grenouille sent le dard du scorpion s'enfoncer dans son dos. Avant de couler elle s'adresse au scorpion.
Grenouille : Mais pourquoi, scorpion, m'as-tu piqué ? Ton incapacité à nager va te condamner à une mort certaine.
Scorpion : Tu m'excuseras, grenouille, mais c'est dans ma nature !

Comme la pauvre grenouille s’est lourdement trompée sur le scorpion, ce dernier effectue la même erreur d’appréciation en pariant qu’une cigale va se transformer en fourmi et prêcher la rigueur.

Finalement, cette composition de la Commission européenne est instructive sur la grande clairvoyance de nos dirigeants européens, à l’exception du Britannique David Cameron. Ce spectacle pitoyable doit beaucoup amuser Vladimir Poutine. Le lendemain du sommet de l’OTAN où nos politiques ont joué les matamores, un garde-frontière estonien a été kidnappé par des Russes. Nos incultes matamores auraient dû méditer la politique du gros bâton prôné par Théodore Roosevelt, à qui j’ai consacré une biographie en trois volumes : « Ne jamais provoquer un adversaire si l’on ne tient pas un gros bâton entre ses mains et aussi si l’on n’est pas prêt à s’en servir. » C’est ce qu’a bien compris Poutine quand Obama vitupère. Dans son dernier article des Quatre Vérités, voici ce que dit de lui Guy Millière, un autre spécialiste de l’Amérique : « Vladimir Poutine a dû rire en lisant le communiqué final de l’OTAN. Dans des revues stratégiques russes, des projets autrement plus sérieux s’élaborent. Ceux qui les conçoivent savent qu’il n’y aura personne à la Maison Blanche jusqu’en janvier 2017, ou plus exactement moins que personne, un idiot islamo-gauchiste. Ils ont donc du temps devant eux. »

L’Europe de 2014, avec la nomination de Moscovici aux finances, est aussi pusillanime que Rome en l’an 410 quand elle fut saccagée par les Wisigoths conduits par Alaric. Elle ne veut pas plus se battre pour les Ukrainiens qu’elle n’a la moindre volonté de conserver sa liberté face au péril de l’islam qui se métastase. La semaine dernière, une police religieuse s’est mise en place pour faire appliquer la charia à Wuppertal, une ville industrielle allemande. Un diplomate intelligent, George Kennan, élabora la doctrine du containment pour contrer l’avancée inexorable du communisme. Il est grand temps de faire la même chose avec l’Islam si nous ne voulons pas sombrer demain dans la dhimmitude.

Quant à la France, elle se complaît dans son rôle d’idiot utile concernant la livraison des deux porte-hélicoptères Mistral à la Russie. Dernière niaiserie du gouvernement pour calmer l’ire de nos alliés, au sommet de l’OTAN à Newport, au Pays de Galles : « La livraison est suspendue. » Cela n’a aucune signification juridique. Un contrat est soit honoré soit annulé. Point barre.

Le triste Luxembourgeois aurait-il été charmé par la bella ragazza ? On peut se poser la question compte tenu du manque de maturité de cette dernière pour représenter la diplomatie européenne. Une chose est certaine, c’est que la bella ragazza ne sera jamais prise au sérieux par le Kremlin comme le fut naguère Margareth Thatcher, qui nous fait cruellement défaut.



 
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