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12/4/14 Thierry Desjardins
          Valls n’a déjà plus la confiance du pays !

Les propos que nous tiennent depuis plusieurs jours les propagandistes de la pensée de François Hollande sont stupéfiants.

Ils commencent par nous affirmer que le président de la République a parfaitement entendu le message, sans équivoque, que lui ont adressé les électeurs lors des dernières municipales et qu’en bon démocrate qu’il est, il en tient naturellement le plus grand compte.

Et ils nous font alors remarquer que le chef de l’Etat a changé de Premier ministre, changé le patron du PS et même changé le secrétaire général de l’Elysée. Que demander de plus ? Au passage, on remarque qu’ils n’osent plus nous dire qu’il a aussi changé de gouvernement. L’arrivée invraisemblable de Ségolène Royal et celle, honteuse, de Harlem Désir n’ayant visiblement pas enthousiasmé les foules, on ne s’étend plus, à l’Elysée, sur ce mini-remaniement en forme de jeu de chaises musicales qui a surtout permis de promouvoir Hamon ( !) et de laisser Taubira à la Justice ( !!).

Mais après nous avoir vanté ce « grand chambardement à la tête de l’Etat », nos propagandistes ajoutent aussitôt que François Hollande n’a, évidemment, pas l’intention de changer d’un iota, d’une virgule, d’un pouce sa politique. C’est la fameuse phrase du comte de Lampedusa dans Le Guépard : « Il faut tout changer pour que rien ne change ». Après nous avoir déjà interprété Pinocchio, Polichinelle et surtout Casanova, Hollande semble vraiment vouloir nous jouer tout le répertoire italien.

En vadrouille au Mexique, Hollande a d’ailleurs confirmé à mi-voix qu’il comptait bien s’entêter mordicus dans tous ses errements.

Or, les Français en lui donnant cette formidable dégelée des municipales ne lui demandaient ni la tête de Jean-Marc Ayrault, ni celle d’Harlem Désir, ni même celle de Pierre-René Lemas. Descendants de régicides, ils voulaient la sienne en haut d’une pique. A défaut et bien à contre cœur, ils exigeaient qu’il change, au moins radicalement et immédiatement, de politique et ce tout simplement parce qu’après deux ans de pataugeage, de bafouillage, de volte-face, de reculade, d’hésitation, le tout étroitement mélangé au pire des sectarismes, sa gestion de la crise épouvantable que connaît le pays n’avait fait qu’aggraver considérablement les choses.

Nous pouvions espérer qu’en nommant Valls à Matignon, Hollande reconnaissait sa défaite et capitulait en rase campagne avec armes et bagages, acceptant de finir son quinquennat en grosse potiche confortablement installée sur une cheminée de l’Elysée.

Et surtout nous pouvions croire que Valls-aux-dents-longues allait faire une sorte de coup d’Etat institutionnel en s’emparant du pouvoir et en menant tambour battant sa propre politique, celle qu’il nous avait fait plus ou moins miroiter depuis des années en s’opposant généralement sans ménagement à Hollande et à toutes les vieilles barbes de la clique de la rue Solferino.

Valls avait là une occasion de faire ses preuves et des étincelles. Même si Hollande l’avait entouré de ses meilleurs spadassins (Le Foll, Sapin, Rebsamen, Le Drian) et même si, au PS, les grognards grognaient un peu, la bave aux lèvres, Valls avait, grâce à sa popularité, grâce à la situation du pays, grâce à la déroute de la gauche, une possibilité inespérée de s’attaquer bille-en-tête à tous les maux qui nous font crever depuis des décennies.

Pour mener une véritable révolution, pour remettre le pays à l’endroit, en clair pour mener une réelle politique… de droite, il avait un avantage considérable sur tous les autres : il était… de gauche, ce qui lui permettait de clouer le bec des syndicats, des soixante-huitards attardés et de tous les dragons de la pensée unique.

Hélas, depuis son discours de politique générale et ses premiers pas dans la cour de Matignon, on a bien compris que le Rastignac catalan avait les yeux plus gros que le ventre et qu’il était déjà rentré dans le rang en digne successeur de ses prédécesseurs, les Ayrault et autre Fillon.

Certains de ses amis nous affirment qu’il attend la nouvelle déculottée que les Français vont donner au pouvoir lors des Européennes pour sortir du bois, se révéler et faire son putsch contre Hollande. On verra bien. Mais plus personne n’y croit.

Valls a sans doute obtenu la confiance à l’Assemblée, mais il n’a déjà plus celle du pays.

Thierry Desjardins


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