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25/6/13 Thierry Desjardins
                Une situation prérévolutionnaire !

Le microcosme parisien continue à analyser les résultats de l’élection partielle de la 3ème circonscription du Lot-et-Garonne. Avec une mauvaise foi stupéfiante. Pour les uns, les élections partielles n’ont aucune signification et ils rappellent que le pouvoir en place est généralement sanctionné à cette occasion.

Voilà qui est déjà contradictoire. Si le pouvoir est sanctionné cela signifie bien quelque chose. Les partielles sont autrement plus révélatrices que n’importe quel sondage et s’il est vrai que la droite a perdu tous les scrutins intermédiaires pendant le règne de Sarkozy, il ne faut pas oublier que le dit Sarkozy n’a finalement pas été réélu.

Pour d’autres, cette partielle n’a été qu’une conséquence logique et prévisible de l’affaire Cahuzac. L’affaire a sans doute joué un rôle. Mais le PS a perdu les huit élections partielles qui ont eu lieu depuis l’entrée de François Hollande à l’Elysée. Et on ne peut pas dire que le scandale Cahuzac ait été au cœur de la partielle de l’Oise où la candidate du Front national, Florence Italiani, a obtenu 48,59% des voix au second tour.

D’autres, notamment au PS, affirment que le Front républicain a réussi à « faire barrage au FN ». Un « Front républicain » qui ne réunit que 53% des voix est pour le moins lézardé et on ne peut tout de même pas considérer que les 46,24% d’électeurs qui ont voté pour le candidat du FN, Etienne Bousquet-Cassagne, soient tous des ennemis de la République.

D’autres encore, et cette fois à l’UMP, nous racontent que l’élimination du candidat du PS au premier tour et l’élection du candidat UMP au second est la preuve que les Français rejettent désormais la gauche et la politique catastrophique qu’elle mène. C’est vrai, évidemment. Mais ils oublient que le candidat de l’UMP n’avait obtenu que 28% des voix au premier tour ce qui prouve clairement que les électeurs n’attendent pas avec enthousiasme une alternance qui ramènerait la droite au pouvoir.

Il est sidérant qu’à Paris nos « élites politiques » continuent à jouer les autruches, la tête enfoncée dans les sables mouvants alors qu’il est de notoriété publique que les Français, écrasés par toutes les crises, économique, sociale, morale, sont écœurés par les partis qui se succèdent au pouvoir avec une régularité de métronome depuis des décennies, qui leur ont promis monts et merveilles avec un aplomb à tomber à la renverse et qui ont été, l’un comme l’autre, totalement incapables de faire quoi que ce soit si ce n’est, peut-être, d’alimenter l’actualité avec des scandales épouvantables qui ont ajouté le déshonneur à leur discrédit.

Au lieu de nous (et de se) raconter n’importe quoi en, agitant l’épouvantail du fascisme qui serait à nos portes, il serait grand temps qu’au PS comme à l’UMP on comprenne qu’avec un chômage qui fonce vers les 11% (en fait vers les 15% si on tient compte de toutes les catégories de chercheurs d’emploi), un effondrement du revenu des classes moyennes, une absence d’avenir pour les jeunes et une France qui a maintenant honte d’elle-même, nous sommes dans situation tout simplement « prérévolutionnaire ».

Partout, la colère gronde. Les paysans qui crèvent de faim, les ouvriers qui voient leurs usines fermer les unes après les autres, les chômeurs sans espoir, les jeunes qui vont s’inscrire à Pôle-emploi, les « petits bourgeois » hostiles au mariage des homosexuels mais aussi affolés par l’avenir, les vieux auxquels on va encore rogner leurs retraites, tous sont au bord de l’explosion.

Pour l’instant, ils se contentent de voter Front national parce que Marine Le Pen s’en prend à l’UMPS, à l’Europe, à la mondialisation, à l’immigration et à tout ce qui a programmé l’effondrement et même la disparition de la France. Demain, ils descendront, peut-être, dans la rue si personne dans les partis « officiels », ni à droite ni à gauche, n’accepte d’avoir le courage et la lucidité de tout remettre en cause et de proposer une vraie renaissance de la France. Les Français ne veulent plus gober les œufs de ces autruches.

Thierry Desjardins


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