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31/3/13 Thierry Desjardins
             Pas de trêve pascale pour le ridicule !

C’est le week-end de Pâques. Nous serions donc en droit de déguster tranquillement nos chocolats, blottis au coin de feu, en espérant que nos « grands » hommes se taisent un peu pour nous laisser souffler.

Eh bien pas du tout ! Dans la seule journée d’hier, Laurent Fabius a demandé à la Corée du Nord de ne pas déclencher une guerre mondiale et atomique, François Bayrou a regretté amèrement le passage de l’heure d’hiver à l’heure d’été et Bernard Cazeneuve, le nouveau ministre du Budget, a affirmé que nous serions à 3% de déficit à la fin de 2014.

A première vue, ces trois déclarations « pascales » n’ont rien à voir entre elles. Si ce n’est qu’elles prouvent, toutes les trois, à quel point notre personnel politique sombre dans le ridicule.

Que Fabius qui n’est pas le plus mauvais de nos ministres envoie une « dépêche » aux fous furieux de la Corée du Nord pour leur faire savoir que Paris aimerait bien qu’ils s’abstiennent de toutes nouvelles provocations fait, bien sûr, partie du train-train de la vie diplomatique. Mais, en faisant connaître à grands cris cette démarche « énergique » de notre ministre des Affaires étrangères, le Quai d’Orsay ridiculise le pauvre Fabius.

Il ne fait aucun doute que, depuis la mort de de Gaulle, les Nord-Coréens ignorent totalement où se trouve la France et que, quand ils ont cherché dans un dictionnaire qui pouvait bien être Hollande, ils ont découvert que c’était les Pays-Bas.

On peut le regretter mais c’est comme cela. Il faudrait que nos dirigeants, de droite comme de gauche, comprennent enfin à quel point leur politique a fait disparaitre la France de la carte du monde. Autant de Gaulle pouvait, de Phnom-Penh, faire la leçon aux Américains, autant Chirac pouvait encore, par la bouche de Villepin, refuser la guerre contre l’Irak, autant Hollande est aujourd’hui ridicule en lançant un avertissement aux Nord-Coréens.

Que François Bayrou, patron du MoDem et éternel candidat à la présidentielle, s’imagine encore que son heure (d’été ou d’hiver) finira par arriver est une chose. Mais qu’il n’ait rien trouvé de mieux que de s’insurger contre le changement d’heure alors qu’on vient d’apprendre que le déficit public était de 4,8% du PIB (et non pas de 4,5% comme l’avait annoncé le gouvernement) et que la dette publique atteignait 90,2% de ce même PIB (et non pas 89,9%) est d’autant plus stupéfiant qu’il faut bien reconnaître qu’il fut longtemps le seul à tirer le signal d’alarme sur nos déficits et notre dette.

Bernard Cazeneuve fait ses débuts à Bercy. Cela dit, il faisait déjà partie du gouvernement et on veut donc croire qu’il était tout de même un peu au courant de la situation économique et même budgétaire du pays. Pourquoi éprouve-t-il le besoin d’entamer ses nouvelles fonctions en nous déclarant que « nous serons aux 3% de déficit à la fin de 2014 » ? Il sait parfaitement qu’avec une croissance nulle pour atteindre cet objectif que nous impose Bruxelles (et que Hollande avait fixé à la fin de 2013) il faudrait soit augmenter encore considérablement les prélèvements obligatoires, ce qui est inconcevable, soit tailler à la serpe dans les dépenses de l’Etat ce que ne fera jamais ce gouvernement.

Bref, Fabius, Bayrou et Cazeneuve sont ridicules.

Mais Ayrault n’est pas en reste. Il confirme ce matin, dans le Journal du Dimanche, que Montebourg, « son » ministre du Redressement productif, lui a bel et bien déclaré au moment de l’affaire d’Arcelor-Mittal à Florange : « Tu fais chier la France entière avec ton aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Tu gères la France comme le conseil municipal de Nantes ». Et Ayrault n’a alors pas pensé, une seule seconde, à virer Montebourg de « son » gouvernement.

Après les déclarations du député socialiste de Paris, Pascal Cherki, qui comparait le président de la République à un modeste conseiller général de Corrèze, on peut en conclure que la France d’aujourd’hui est, selon les socialistes eux-mêmes, dirigée par… un conseiller général et un conseiller municipal. Il ne faut donc pas s’étonner que la politique du pays manque un peu d’envergure…

Thierry Desjardins


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