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29/4/14 Thierry Desjardins
            Agonie d’Alstom, agonie de la France !

L’agonie d’Alstom à laquelle nous assistons est bien sûr dramatique mais, ce qui est pire encore, elle est révélatrice de la France d’aujourd’hui.

Alstom était une très grande entreprise française et l’une de nos fiertés puisqu’elle construisait le TGV. Cependant elle battait de l’aile depuis déjà quelques années. Mauvaise gestion sûrement, perte de compétitivité due au système français sans doute. Sarkozy l’avait sauvée. Mais Alstom a replongé.

On le savait depuis des mois. Il a cependant fallu qu’on apprenne, la semaine dernière, que les Américains de Général Electric allaient s’en emparer pour que le gouvernement s’affole brusquement, que Hollande convoque en urgence, un dimanche soir, les ministres concernés et qu’Arnaud Montebourg, ministre de l’Economie et chargé depuis deux ans du Redressement productif, se remette à ouvrir sa « grande gueule », à faire des moulinets avec ses petits bras, à parler de « patriotisme économique » et à sortir de ses poches trouées des plans plus farfelus les uns que les autres.

Il voulait sauver Arcelor des griffes de Mittal. Cette fois, il veut sauver Alstom des griffes de Général Electric. Pour Arcelor, il avait annoncé une nationalisation ; pour Alstom, il sort Siemens. Il paraît que M. Mittal en personne rigole encore des menaces montebourgeoises de nationalisation. Et personne, aujourd’hui, n’a fait remarquer à ce ministre au nationalisme économique exacerbé que Siemens n’était pas… une entreprise française, mais allemande.

Que ce soit Général Electric ou Siemens qui l’emporte, Alstom ne sera plus une entreprise française et ce seront des Américains ou des Allemands qui décideront de tout, de la stratégie, des délocalisations, des licenciements.

En fait, le problème est ailleurs. Il est de savoir pourquoi tant de nos entreprises ont disparu ou, au mieux, ont été rachetées par des capitaux étrangers. On peut citer le textile, l’habillement, la métallurgie, l’aluminium, les chantiers navals, l’industrie alimentaire, etc. Des pans entiers de notre économie.

Sans parler d’Arcelor-Mittal ou de l’entrée des Chinois dans le capital de PSA-Peugeot-Citroën, 674 entreprises, plus ou moins importantes, ont été rachetées par des étrangers au cours des deux dernières années. Les Américains ont racheté Yoplait, Ducros, Rossignol, les Japonais ont racheté Priceminister, Princesse Tam-Tam, les Danois ont racheté Kronenbourg, Unilever a racheté Amora-Maille, etc., etc.

Ces centaines d’entreprises étaient-elles toutes particulièrement mal gérées par leurs patrons français ou y a-t-il un problème pour les entreprises en France qui les rendrait incapables d’affronter la mondialisation et la concurrence étrangère ?

François Hollande a reçu successivement le patron de Général Electric et celui de Siemens pour savoir lequel de deux sera le moins catastrophique pour notre indépendance énergétique et l’emploi. Mais cela fait deux ans qu’il aurait dû prendre des mesures pour sauver non seulement Alstom (qui est une entreprise privée), mais toutes les entreprises françaises asphyxiées par des charges excessives et une règlementation abusive qui leur interdisent de pouvoir jouer dans la cour des grands en investissant et en innovant.

Le rôle du gouvernement n’est pas de choisir entre deux acheteurs étrangers, il est de faire en sorte que les entreprises françaises puissent survivre en restant françaises.

Certains ont le culot de nous dire que cette invasion des capitaux étrangers prouve que la France reste « attractive ». Elle démontre en fait que notre pays est devenu une proie facile que les étrangers peuvent coloniser pour mieux la dépouiller de ses dernières richesses.

Thierry Desjardins


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