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22/12/12 Claude Reichman
                Arrachons notre col en celluloïd !

J’avais une quinzaine d’années. Dans une rue de la ville où j’habitais, je croisai un homme âgé, vêtu d’un costume noir, coiffé d’un chapeau melon, arborant un nœud papillon sur un col en celluloïd, et portant une canne sous le bras. Un personnage comme aimait à en dessiner le caricaturiste Jacques Faizant. Je me demandai comment on pouvait en arriver à rester vêtu comme au siècle précédent, et je me dis que cela ne pouvait se produire que si l’on refusait au fil du temps tout changement dans ses habitudes. Je me promis de ne jamais céder à un tel engourdissement et j’y suis depuis à peu près parvenu, notamment en me demandant de temps en temps si je ne commençais pas à ressembler à un vestige.

Il est dommage que tous les Français n’aient pas fait une telle rencontre et ne se soient pas interrogés sur son étrangeté. Cela les aiderait aujourd’hui à comprendre ce qui leur arrive.

Notre pays vit selon les règles d’institutions diverses, mais qui ont toutes la caractéristique d’avoir été conçues et mises en place il y a plus d’un demi-siècle : une éternité à notre époque de changement accéléré. C’est de ne les avoir jamais réformées, parfois en les supprimant, que nous souffrons aujourd’hui tandis que nous nous enfonçons chaque jour un peu plus dans la crise.

Le pire est que nous ne nous sommes pas aperçus que cette ankylose était en train de nous gagner. Au point que pour la majorité d’entre nous il s’agit d’un choc brutal, alors qu’il s’est produit lentement et progressivement. Comment avons-nous pu être aussi inconscients ?

La raison en est fort simple : ceux qui ont, dans une société, la charge d’entraîner les autres, de les guider sur le chemin de la vie, ont complètement failli à leur mission. Nos intellectuels, nos hommes politiques, nos journalistes ne nous ont jamais dit que notre pays, en s’obstinant à maintenir des institutions inadaptées au monde tel qu’il évoluait, se condamnait à de terribles désillusions, à des drames humains et sociaux.

Quand je vois des hommes politiques, de droite comme de gauche, se draper dans les plis du programme du Conseil national de la Résistance, à laquelle ils n’ont bien entendu pas participé, je me dis qu’il y a des coups de pied au cul qui se perdent. Il s’agissait à l’époque du projet de reconstruction d’un pays vaincu et ceux qui l’élaboraient étaient pénétrés pour la plupart d’idées marquées par l’empreinte communiste, cette idéologie que beaucoup jugeaient « indépassable ». Six décennies plus tard, alors que le communisme a révélé toute son horreur et que tous les pays qui réussissent fonctionnent selon les principes de la liberté économique, comment peut-on encore faire avaler ces vieilles lunes à l’opinion publique ?

Une telle aventure m’est arrivée il y a quelques mois lors d’une émission de télévision où M. Guaino, né en 1957, principal conseiller du président de la République encore en fonction, M. Sarkozy, m’a répondu sur un ton offusqué et suffisant, que la suppression du monopole de la Sécurité sociale, que je défendais évidemment, ne se ferait pas parce qu’elle était contraire au programme du Conseil national de la Résistance !

Et il n’y a pas que le monopole de la Sécurité sociale. Partout ce ne sont que blocages et privilèges, hérités pour la plupart du système mis en place en 1945 et qui n’a jamais été remis en question depuis. Evacuer toutes ces scories du passé, n’est pas remettre en cause la Résistance. C’est au contraire lui être fidèle. Ce sont des scories du même type qui avaient provoqué l’impréparation de la France à la 2e guerre mondiale et sa déroute face à l’ennemi, tout comme aujourd’hui notre pays est en déroute dans la guerre économique mondiale.

Nicolas Sarkozy avait bien senti que la France avait besoin d’une rupture. Mais ce n’était pour lui qu’un slogan destiné à le faire élire. La seule présence à ses côtés d’un Guaino suffisait à le faire pressentir. Et bien entendu, de rupture, il n’y eut pas.

Il nous reste, en France, à « dépouiller le vieil homme » qui est en nous, comme le disait Saint Paul. Arrachons notre col en celluloïd, et cessons de ressembler à notre propre caricature. Celle que décrit si bien Christian Millau dans son « Journal d’un mauvais Français » : « Tremblotante et frileuse, la France se couvre de lois et d’interdits comme les vieillards se couvrent de petites laines. »

Allons, mes chers compatriotes, faisons ensemble un effort, jetons loin de nous tout ce qui nous empêche de respirer. De l’air, de l’air, de l’air !

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.


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