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22/2/20 Claude Reichman
     
         Retraites : l’acharnement thérapeutique !

Nous sommes en plein délire ! La France débat fébrilement de la réforme des retraites décidée par Macron, manifeste, fait grève et s’invective …pour rien ! Il n’y a pas de réforme des retraites. Il y a un acharnement thérapeutique qui se terminera inévitablement par la mort du système.

On ne peut pas sauver un régime de retraite qui comporte 17 millions de bénéficiaires (dont le nombre s’accroît de près de 700 000 chaque année) et à peine 15 millions de cotisants réels. Car si la France compte 27 millions d’actifs (c’est-à-dire de personnes en âge de travailler), elle a aussi 6 millions de chômeurs, qui ne cotisent pas pour la retraite, et 6 millions de fonctionnaires, qui ne font pas partie d’un régime de retraite et dont le budget paie les pensions. Si bien qu’on arrive ainsi au chiffre de 15 millions de cotisants, autrement dit moins d’un actif pour un retraité !

Comment en est-on arrivé à ce désastre ? Tout simplement par aveuglement. Et notamment par aveuglement idéologique sur les prétendus bienfaits de la répartition. Dans un tel régime, l’argent est détruit, alors que dans la capitalisation, il est investi et bénéficie des intérêts composés, qui sont une des merveilles de la civilisation puisqu’ils récompensent l’épargne. Rappelons que même quand l’homme était chasseur et cueilleur il faisait des provisions pour les jours difficiles et nous a ainsi permis d’exister quelques millénaires plus tard.

La réforme des retraites de Macron n’a pas d’autre ressort que la nécessité de plumer ceux qui ont encore quelques ressources pour les distribuer à ceux dont le régime est en faillite. Le seul résultat de ce mirifique tour de passe-passe sera de ruiner tout le monde et de provoquer une guerre civile.

Le plus étonnant dans ce sombre tableau est que Macron, en poste depuis 33 mois, n’est pas responsable des 75 ans de dérive du système de répartition. Il pouvait donc parfaitement dire la vérité aux Français sur leurs perspectives de retraite dans le système actuel. On se demande vraiment pourquoi il ne l’a pas fait. A-t-il eu peur d’être emporté par la vague d’indignation provoquée par la catastrophe, ou bien n’a-t-il pas la moindre idée de ce qu’il faudrait faire ? Quoi qu’il en soit, le principe de réalité va devoir s’imposer, même si cela ne se fera pas dans la paix civile.

Le premier devoir d’un gouvernant est de dire la vérité aux citoyens. Et s’il n’en est pas capable, la mission en incombe à tous ceux - intellectuels, essayistes, journalistes, entrepreneurs – qui peuvent comprendre la situation et l’expliquer autour d’eux. Nous touchons là au point le plus sensible du drame qui se joue en France : les médias ont trahi la confiance du peuple en se fermant à tous ceux qui essayaient de lui dire la vérité.

Espérons qu’un sursaut de dignité les ramènera à leur devoir. Ils auront alors non seulement à dresser le tableau clinique de la crise, mais aussi à proposer des remèdes afin de ne pas laisser s’installer dans la population un désespoir qui la poussera vers les extrêmes.

Voilà des années que nous clamons non pas dans le désert, mais en n’étant pas entendu par les politiciens, même s’ils savaient tous que nous avions raison.

La France est devenu un champ de ruines économique parce qu’elle n’est plus qu’un pays de cocagne social. L’an dernier nous avons distribué plus de 800 milliards d’euros de prestations sociales, laissant loin derrière nous - si l’on peut dire - des pays réputés pour l’être aussi, comme la Suède ou le Danemark !

Il faut donc tailler dans toutes les dépenses (de l’Etat, des collectivités territoriales, de la Sécurité sociale), redonner du pouvoir d’achat à ceux qui travaillent et créer ainsi une richesse qui profitera à tous.

Etudiant les huit derniers siècles, les économistes Reinhart et Rogoff écrivent : « Ce qu’on constate de manière répétée dans l’histoire des crises financières, c’est que lorsqu’un accident menace de se produire, il finit par se produire. »

La crise des retraites en est une excellente illustration. Cela fait trois quarts de siècles qu’on la voit se profiler. Aujourd’hui, elle est là. Et il faudra plus que des incantations pour la résoudre !

Claude Reichman






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